Les grévistes de la FAE ont décidé de pousser le bouchon un peu plus, un peu plus fort, jeudi matin, en bloquant une partie du port de Montréal et une partie du port de Québec.
Vendredi, il y a un grand rassemblement citoyen qui aura lieu à Montréal en soutien aux profs en grève. Plusieurs artistes vont prendre la parole, dont Vincent Bolduc, qui en parle en studio avec Patrick Lagacé.
«L'idée, c'est de se faire un grand rassemblement avant les Fêtes, devant les bureaux de François Legault, pour rappeler au gouvernement qu'il doit, non pas par une loi spéciale, mais par une entente qui va rendre notre école publique plus en santé, aider à ce que les jeunes retournent à l'école le 8 janvier», explique Vincent Bolduc.
«Ce sont des parents, ce sont des professeurs, des gens du milieu scolaire, mais aussi des grands-mères, des tantes, des cousins qui voient à quel point ça fait mal en ce moment aux profs en situation de précarité et aux jeunes et aux étudiants adultes aussi, de manquer ces cours-là. Et on lance la balle au gouvernement en disant, là, il est temps que vous fassiez votre part pour bien vous asseoir et bien donner une offre qui a du bon sens. C'est un espèce de cri d'alarme. Il n'y a pas de vacances pour la CAQ. Bernard (Drainville), François (Legault) et Sonia (LeBel), vous allez négocier avec votre laptop sur les genoux en mangeant votre dinde, en faisant des téléphones.»
Démission après 13 ans
Karine Chartrand, une enseignante depuis 13 ans, a remis sa démission il y a quelques jours après le début de la grève et sa publication est devenue virale sur Facebook. Elle commente sa situation.
«J'ai enseigné pendant 13 ans. J'ai été dans la précarité pendant une dizaine d'années. Précarité, ça veut dire se promener d'une école à l'autre sans savoir ça va être quoi, nos contrats de travail. C'est des contrats qui varient entre 15 % de tâches et 80 % de tâches. Et quand j'avais 80 % de tâches, en général, ça équivalait à du 100 %, mais je n'étais pas payé pour ce 100 %. Là, ça devient compliqué. Expliquer le comment du pourquoi, mais ça reste que c'est ça quand même. C'est beaucoup de hauts et de bas. J'ai fait deux burn out en 13 ans.»
Elle explique que c'est pendant la pandémie qu'elle a vécu le point de bascule et que le nerf de la guerre, c'est la composition des classes.
«Aujourd'hui, sur 30 élèves, j'en ai dix, 11, 12 élèves qui ont des plans d'intervention. J'ai des surdoués, j'ai des élèves passionnés, j'ai des élèves blasés, j'ai des TSA, j'ai des troubles de langage dans une classe de trente. Donc, ça devient très dur à gérer. Ça devient dur aussi parce qu'on est outillé, mais les outils, à un moment donné, ils ont une limite. Quand t'as trop trop de travail, ça devient hyper compliqué.»
On l'écoute...