Jeudi, le ministre de la Santé, Christian Dubé, déposera son projet de loi visant à revoir la rémunération des médecins et d’y imposer des indicateurs de performance.
Mercredi matin, le premier ministre du Québec, François Legault, a annoncé que ça risquerait de «brasser» et qu’il n’avait aucunement l’intention de reculer.
Écoutez la Dre Elizabeth Dougherty, médecin de famille en cabinet sur la Rive-Sud de Montréal, au micro de Philippe Cantin.
Comment ce projet de loi est-il perçu par les médecins?
«Le souffle m'a manqué ce matin. J'avais l'impression de revivre le jour de la marmotte d'il y a dix ans avec la loi 20 du Dr Barrette. On perçoit ça comme une insulte, une gifle en plein visage alors qu'on s'éreinte, on travaille, on essaie de se réinventer, de travailler en équipe, de participer aux nouveaux projets.»
Selon elle, plusieurs choses clochent dans ce projet.
«On devait catégoriser les patients en catégories de couleur selon: es-tu pas malade, un peu malade, beaucoup malade? Tu mérites un docteur? T'en mérites pas. [...] Mais désinscrire des patients, ça nous faisait grincer des dents. D'ailleurs, qui va donner les catégories de couleur aux patients? D'autres fonctionnaires encore?
«Après ça, il y avait les offres salariales. [...] On nous proposait un taux horaire de 27 $ de l'heure. Je paie mon infirmière auxiliaire plus cher que ça...
«Puis, la troisième chose, c'est toute cette histoire de performance. Comment on va faire pour valider la performance? C'est une espèce de performance collective. S'il y en a dans ma région qui ne sont pas performants à leur goût, on sera tous pénalisés. Ça n'a aucun bon sens. C'est pas une discussion du tout. C'est de l'imposition. J'aurais quasiment le goût de dire une dictature.»