Depuis lundi, on parle du dossier de La Presse sur les cas d’isolement d’enfants au Centre de la protection de la jeunesse de Laval.
Une affaire tellement préoccupante que le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, a déclenché une enquête administraitve.
Nancy Audet, journaliste et marraine de la Fondation des jeunes de la DPJ, autrice de Plus jamais la honte, où elle a raconté son passé d’enfant de la DPJ, vient réagir au micro de Patrick Lagacé.
Comment a-t-elle réagi à cette histoire?
«Je n'étais pas étonnée. C'est des faits qu'on connaît depuis très longtemps. Je l'ai soulevé à de nombreuses reprises. D'ailleurs, il y a deux semaines, à l'Assemblée nationale, à Québec, j'ai dit à Monsieur Carmant et aux parlementaires qu'on avait un problème au niveau des contentions, au niveau de l'isolement aussi, des mesures qui souvent sont abusives.
«J'ai parlé aussi de fouilles à nu. Ça, on n'en parle pas, mais c'est aussi très problématique pour les enfants, des adolescents très jeunes, qui subissent des fouilles complètes qui sont abusives. J'ai des témoignages qui sont troublants, et ça, je suis allé leur dire il y a deux semaines. Donc, on ne peut pas dire qu'on ne le sait pas, que je ne les ai pas alertés. Je les ai alertés à de nombreuses reprises.»
Savait-elle pour les unités qui ressemblent à des prisons?
«Oui, je savais que ça existait. Ça existe ailleurs, aussi. Il y a des régions qui sont pires que d'autres. Ça varie d'une région à l'autre, mais dans les Laurentides, ça existe. Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, ça existe. J'ai des témoignages troublants. J'ai moi-même participé à un stage d'observation au Mont Saint-Antoine, ici, à Montréal, où j'ai vu des enfants qu'on amenait en isolement. J'ai visité les cellules. C'est troublant. J'y suis moi-même déjà allée quand j'étais jeune, j'étais adolescente et je suis restée très marquée par cette expérience d'isolement. C'est difficile pour un adolescent, c'est difficile pour un adulte.»
Et quant aux mesures de contention, Nancy Audet pense que l'on en abuse.
«C'est quand on t'empêche de bouger. Et la plupart du temps, la mesure de contention est suivie d'une mesure d'isolement où on met ces petits enfants dans des petites cellules. Là où ça dérape, je pense, depuis quelques années, c'est qu'on utilise ces mesures-là qui devraient être exceptionnelles - c'est contre la loi d'utiliser ces mesures - à des fins répressives pour punir un enfant. Ça, c'est contre la loi. Là, les droits de ces enfants sont lésés.»
On écoute Nancy Audet...