En entrevue avec Bernard Drainville, le fondateur et président exécutif du conseil de CGI, Serge Godin, soutient que le gouvernement fédéral ne sera pas en mesure d’émettre rapidement tous les chèques d’assurance-emploi aux millions de travailleurs canadiens qui ont perdu leur emploi en raison de la crise du coronavirus.
Et selon Serge Godin, ce n’est pas une question de compétence, mais bien plus une question de volume de chèques à émettre qui est extraordinairement élevé.
«Au Canada, on parle entre 3 500 000 et 4 000 000 emplois perdus. Alors, d’émettre des chèques à tous les travailleurs qui ont perdu ou vont perdre leur emploi en tenant compte que la crise va durer trois ou quatre mois, c’est humainement impossible»
«Vous pensez que la machine au sein du gouvernement fédéral ne sera pas capable de sortir les chèques à temps compte tenu du nombre élevé de travailleurs qui ont perdu leur emploi?»
«C’est ça et ça n’a rien à voir avec la compétence, c’est humainement impossible. C’est une question de volume. Et l’important, c’est que les travailleurs aient leur argent rapidement pour pouvoir se nourrir»
Quelle est la solution?
Selon le chef d’entreprise qui a des bureaux et employés à travers le monde, pour faire face à la pandémie du coronavirus, l’Allemagne a choisi de subventionner 80 % des salaires des entreprises, l’Angleterre et le Danemark ont fait de même. Quant à la France, le gouvernement a décidé de subventionner 95 % des salaires, alors qu’au Japon, c’est 100% des salaires qui sont subventionnés.
«En passant par les entreprises, on n’a pas à inventer un nouveau canal. Ces entreprises ont déjà des systèmes en place et peuvent émettre des chèques très rapidement»
«Si je vous comprends bien, les entreprises continueraient à payer leurs employés, même s’ils sont à la maison et le gouvernement s’engagerait à rembourser les sommes»
«Voilà. Et ce que je suggère pour le Canada, c’est que le gouvernement fédéral et provincial mettent la main à la pâte et subventionnent à 100% les entreprises pour couvrir les masses salariales»
«L'idée, c'est de s'assurer que la colonne vertébrale de notre système économique soit forte à la fin de la crise. Ce qui peut nous arriver de plus grave, c'est le taux de faillites après la crise. Alors, là, la récession va être encore plus longue»
Selon M. Godin, de nombreux décideurs politiques réfléchissent déjà à cette option.