En marge du terrorisme international, une nouvelle forme d’attaque illégitime guette les populations en Amérique du Nord : le terrorisme domestique. Un ancien membre du FBI et spécialiste des mouvements djihadistes, Ali H. Soufan, s’est d’ailleurs penché sur cette menace intérieure, comme l’explique notre chroniqueur Fabrice de Pierrebourg.
Le terrorisme existe depuis toujours. Mais, il semble que le phénomène a pris de l’importance : le nombre d’attentats serait en forte augmentation dans le monde. En plus, on a l’impression que l’acte terroriste international a donné naissance à une terreur intérieure «nouvelle», ces dernières années. Le terrorisme domestique serait en expansion.
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Le terrorisme domestique d'extrême droite en Amérique du Nord. Les explications de Fabrice de Pierrebourg
«Le terrorisme domestique, qui est surtout d’extrême droit, est assez large. Le SCRS (Service canadien du renseignement de sécurité) le décrit comme une nébuleuse de groupes qui ont des revendications assez diverses. Ça va du racisme au dogme antigouvernemental. Il y a aussi les mouvements sexistes qui s’en prennent aux femmes. On pense à l’homme qui a utilisé un véhicule-bélier (le 23 avril 2018) pour tuer des femmes dans le centre-ville de Toronto.»
Le triste événement décrit ci-haut s’est produit en avril 2018 dans le nord de Toronto, sur la rue Yonge. Alek Minassian a été accusé de 10 chefs de meurtre au premier degré et de 16 chefs de tentative de meurtre. La fourgonnette utilisée par l'accusé a roulé sur des centaines de mètres sur un trottoir, tuant ainsi dix piétons.
Un nouvel ennemi
Depuis quelques années, les spécialistes, comme l'ancien agent du FBI Ali H. Soufan, constatent que les idéologies et les dérives violentes du terrorisme frappent maintenant les populations de l’intérieur des frontières du Canada et des États-Unis.
À ce sujet, il a publié un texte de deux pages dans le New York Times, en collaboration avec un vétéran au Congrès, Max Rose.
Ali H. Soufan a été impliqué dans plusieurs affaires anti-terroristes très médiatisées aux États-Unis et dans le monde.
«Dans cette lettre, il dit qu’on a combattu les djihadistes, maintenant on doit lutter contre les suprématistes blancs. Selon lui, l’ennemi est désormais le suprémaciste, à la fois en Amérique et outre-mer. Ce qu’il remarque, c’est que des ramifications existent entre ces divers groupes dans le monde.»
Ces organisations suprématistes s’inspirent des mêmes méthodes que celles employées par les djihadistes. «Elles ont parfois des compétences paramilitaires», de préciser Fabrice de Pierrebourg.
Ali H. Soufan insiste sur un point dans son article : le Code criminel aux États-Unis (et en l'occurrence au Canada comme le mentionne notre chroniqueur) doit s'adapter au terrorisme, afin de donner les outils nécessaires aux forces de sécurité et aux forces de renseignement. Pour l'instant, les lois seraient mal adaptées à de nombreux cas de terrorisme.
Homegrown terrorism
Le terrorisme domestique, ou le homegrown terrorism comme disent les Américains, représenterait la menace la plus probable d’attentat au Canada, selon des officiels des services secrets canadiens. Il semble que ce soit aussi l'avis Ali H. Soufan, du moins pour les États-Unis.
Le terrorisme domestique, intérieur ou local, est une forme de terrorisme dans laquelle les victimes vivant dans un pays sont ciblées par un assaillant ayant la même citoyenneté.
L’attaque peut aussi viser des infrastructures. Ainsi, l’ennemi à la sécurité des citoyens provient de l’intérieur du pays, du territoire.