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Système de paie Phénix: «C'est une histoire désastreuse» - André Pratte

Système de paie Phénix: «C'est une histoire désastreuse» - André Pratte
Image / photo: archives La Presse canadienne
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Avant d'amorcer tout virage vers un nouveau système de paie, le gouvernement fédéral doit déposer un plan détaillé présentant les options envisagées pour remplacer Phénix, et éviter ainsi une «débâcle» de la sorte, croit un comité sénatorial.

En conférence de presse à Ottawa, mardi, trois membres du comité sénatorial des finances nationales ont dit avoir été «consternés» de constater que personne, au gouvernement, n'ait été tenu responsable du fiasco du système de paie Phénix.

Le sénateur et vice-président du comité sénatorial des finances nationales André Pratte a pointé du doigt la «culture de gestion» ayant mené à cette situation, qui a touché plus de la moitié des 290 000 fonctionnaires fédéraux, leur causant une inacceptable «incertitude» en raison des problèmes de rémunération les ayant affectés.

«C'est une histoire désastreuse, a affirmé d'entrée de jeu M. Pratte en entrevue avec notre animateur Louis Lacroix, mardi. Essentiellement, le gouvernement [fédéral] a voulu remplacer son système de paie en achetant un nouveau logiciel. Non seulement il a mis en place un logiciel extrêmement complexe, il a centralisé toute l'administration de la paie d'une centaine de ministères [d'agences et d'institutions fédérales], à Miramichi, au Nouveau-Brunswick.»

«En faisant les deux choses en même temps, on a fait une opération très complexe. Tout le monde a vu la collision arriver, mais personne n’a signalé de danger. On n’a même pas fait de test du nouveau système informatique avant de le mettre en place. En plus, le gouvernement s'est débarrassé de l'ancien système. Maintenant, on est pris avec Phénix, qui génère un ensemble d'erreurs absolument ahurissant. On estime que ça va prendre au moins cinq ans avant de sortir du trou... C'est un bourbier total.» 

Le collègue d'André Pratte, Percy Mockler, qui préside le comité, a par ailleurs souligné que cette situation avait à ce point entaché la réputation de la fonction publique qu'elle avait incité des travailleurs à privilégier plutôt un emploi dans le secteur privé.

Le comité a présenté mardi un rapport contenant cinq recommandations à partir des témoignages du vérificateur général du Canada, de représentants syndicaux, de hauts fonctionnaires ou encore de la ministre de Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC), Carla Qualtrough.

Le manque d'imputabilité des hauts fonctionnaires

Les sénateurs ont dénoncé le manque d'imputabilité des hauts fonctionnaires ayant donné le feu vert au déploiement d'un système de paie qui n'était pas prêt, mais ils n'en nomment aucun dans leur rapport. La sénatrice Mobina Jaffer a plaidé que cela n'était pas l'objectif visé.

Selon André Pratte, l’entreprise IBM, qui a travaillé notamment à l'implantation du logiciel PeopleSoft, est peu responsable de l'échec du logiciel. «IBM a signalé aux hauts fonctionnaires du gouvernement fédéral qu'il [le système] s'en allait dans un mur. Si IBM a commis une erreur, c'est peut-être de faire ce qui était demandé... IBM a fait ce qui était exigé dans le contrat.»

Créé par Oracle, PeopleSoft est un logiciel utilisé un peu partout dans le monde. IBM a été mandaté pour adapter le logiciel aux besoins du gouvernement fédéral.

«Le gouvernement a déjà annoncé dans le budget 2018 qu'il allait remplacer Phénix avec un nouveau système, a souligné plus tard M. Pratte sur les ondes du 98,5 FM. On ne sait pas du tout comment va se faire le changement. Tout devra se pratiquer dans la transparence. Sinon, on risque de se retrouver face à la même catastrophe que Phénix.»

Cinq recommandations:

  • Que SPAC établisse les priorités dans le traitement des demandes d'interventions de paye en attente, ainsi que des cibles de délai de traitement pour celles-ci.
  • Que le gouvernement réévalue si les conseillers en rémunération et les employés des ressources humaines sont en nombre suffisant et s'ils reçoivent, ainsi que les fonctionnaires en général, une formation adéquate.
  • Que le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada, dans son rapport sur les résultats ministériels, rende compte tous les ans au Parlement des coûts totaux associés à Phénix assumés par le gouvernement.
  • Que SPAC étudie la possibilité d'avoir recours à d'autres solutions de paye pour les ministères et organismes dont les règles de paye complexes rendent difficile l'utilisation de Phénix.
  • Que, avant de se lancer dans une future initiative de transformation de la paye, SPAC soumette au Parlement un rapport présentant les options envisagées pour remplacer Phénix, y compris le coût de chacune d'elles, les incidences escomptées sur les employés, ainsi que les mesures de gestion de projet et de surveillance prévues afin d’éviter de reproduire les ratés de Phénix.

(Avec La Presse canadienne)

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