AMESBURY, Royaume-Uni — Les autorités britanniques qui enquêtent sur un deuxième cas d'empoisonnement avec l'agent neurotoxique Novichok, dans le sud-ouest de l'Angleterre, ont indiqué jeudi que les nouvelles victimes n'étaient probablement pas directement ciblées, mais qu'elles sont tombées malades à la suite de l'attaque précédente.
La police a annoncé mercredi que des spécialistes ont déterminé qu'un couple dans la quarantaine avait été empoisonné par la même toxine létale — développée par l'Union soviétique — qui a failli tuer Sergueï Skripal et sa fille Ïoulia en mars.
Les nouvelles victimes sont toutes les deux gravement malades. Elles ont été confiées au même hôpital que celui qui a traité les Skripals.
Le ministre de la Sécurité Ben Wallace a déclaré à la BBC que «l'hypothèse de travail est qu'elles sont victimes soit de la conséquence de l'attaque précédente, soit d'autre chose, mais pas qu'elles aient été directement visées».
L'empoisonnement inexpliqué de deux citoyens britanniques sans lien immédiat avec la Russie a soulevé des inquiétudes en matière de santé publique dans la région de Salisbury, où un effort de décontamination massif a eu lieu après que les Skripals eurent été empoisonnés par le Novichok.
La première ministre Theresa May avait accusé Moscou d'avoir attaqué les Skripals, ce que réfute le Kremlin. M. Wallace a dit que Moscou pourrait réparer ses torts en fournissant des détails sur l'empoisonnement des Skripals. Il a appelé Moscou à fournir des informations et à «nous dire ce qui s'est passé».
Le porte-parole du Kremlin a déclaré que la Russie était préoccupée, mais qu'elle n'avait rien à voir avec les deux cas.
La police locale a déclaré que l'affaire était un «incident majeur» mercredi, quatre jours après que le couple — identifié par des amis comme Dawn Sturgess, 44 ans, et Charlie Rowley, 45 ans — ait été trouvé inconscient dans un immeuble résidentiel à Amesbury, à 13 kilomètres de Salisbury, où les Skripals ont été empoisonnés.
Le responsable de la police antiterroriste du Royaume-Uni, Neil Basu, a expliqué que la police ne sait pas si l'agent neurotoxique provient du même lot que celui utilisé contre les Skripals.
«La possibilité que ces deux enquêtes puissent être liées est clairement une piste d'enquête pour nous», a-t-il déclaré mercredi soir.
Une centaine d'officiers ont été affectés à l'affaire.
Andrea Sella, qui enseigne la chimie inorganique à l'University College de Londres, a précisé que les agents neurotoxiques Novichok «sont conçus pour être assez persistants — ils traînent dans l'environnement, ne s'évaporant ou ne se décomposant pas rapidement».
«Cela signifie que si un contenant ou une surface étaient contaminés par cette substance, il resterait un danger pendant longtemps et il serait vital de suivre les mouvements de ce couple pour identifier où ils pourraient avoir été en contact avec la source, a-t-elle dit. Alors que le public en général court un très faible risque, jusqu'à ce que la source soit découverte, il y a une faible chance que quelqu'un d'autre puisse entrer en contact avec la substance.»
Après avoir passé des semaines dans un état critique, les Skripals ont obtenu leur congé de l'hôpital et ont été emmenés dans un endroit non divulgué pour leur protection. Les médecins disent qu'ils ne connaissent pas le pronostic à long terme.