Plusieurs cliniques médicales pourraient ne plus accepter de patients sans médecin de famille dans les prochaines semaines en raison d’un affrontement entre Québec et les omnipraticiens sur la fin d’une prime.
Bien que les médecins désirent un renouvellement de l'entente, le ministre Dubé souhaite ajouter des conditions de façon à s'assurer que chaque patient a bien été recommandé par le Guichet d’accès à la première ligne. La prime pourrait alors être versée en deux temps et la seconde moitié serait accordée après un rendez-vous avec le patient.
Samedi, le ministre de la Santé est sorti de ses gonds, accusant les omnipraticiens de prendre les patients en otage dans cette négociation.
Écoutez les médecins de famille Benoît Heppell et Marie-Lou Sauvé aborder avec Paul Arcand la réalité sur le terrain tant dans le privé que dans le public.
La Dr Marie-Lou Sauvé explique qu'elle ne pourrait pas revenir vers le public alors qu'il est impossible pour elle de facturer la RAMQ pour ses services, car son modèle de pratique ne cadre pas dans le modèle public. Elle aurait adoré revenir au public, mais la bureaucratie rend le tout impossible.
«Tout le monde a de la job pour moi. Moi, je pourrais travailler avec des équipes de psychiatres. [...] Je pourrais faire des cliniques externes de psychiatrie, je pourrais essayer d'aider le plus possible en psychiatrie, en plus du bureau. Et on me répond: «Mais là, comment tu vas être payé? Il n'y a personne qui trouve la case puis il y a absolument rien qui avance!»
De son côté, le Dr Heppell travaille dans le milieu hospitalier principalement et il explique que l'incitatif du forfait pour la prise en charge des patients orphelins a fait le travail, mais que l'accès aux médecins demeure variable selon les régions et les cliniques.
On aborde ensuite la complexité de la facturation médicale et des remboursements de la RAMQ. Le Dr Heppell explique que les codes de facturation sont tellement compliqués que pratiquement tous les médecins doivent faire affaire avec des agences de facturation pour arriver à facturer correctement leurs services.
«Si elle n'inscrit pas le patient à son nom puis qu'elle voit un patient pour une dépression, ça va lui donner moins d'argent parce ce n'est pas le même code que si le patient est inscrit à son nom, mais qu'elle le voyait pour exactement la même affaire; ce qui ne fait aucun sens! Donc oui, c'est trop compliqué! Il y a probablement une tonne de fonctionnaires à la Régie de l'assurance maladie qui essaient de se démener avec ça. Et à la FMOQ, c'est pareil. La FMSQ, c'est pareil. Il y aurait moyen de simplifier pour que les médecins simplement facturent et aient un montant raisonnable pour les services qui rentrent et que ce soit plus simple.»
On rappelle qu'on attend toujours le nouveau modèle de rémunération qui avait été promis et qui n'est toujours pas en place dans le système de santé et qu'on doit revoir le modèle d'accès pour laisser les cas complexes aux médecins, alors que d'autres professionnels peuvent prendre en charge pour gérer les cas simples.