Le conseiller municipal de Snowdon, Marvin Rotrand, demande au SPVM de modifier ses critères de sélection afin de permettre aux gens portant le hijab ou le turban de pouvoir travailler au sein du corps policier montréalais.
Marvin Rotrand avait d’abord fait sa demande au Service de police de la Ville de Montréal en 2016. La réponse du SPVM l’avait laissé pantois puisque le corps policier disait avoir besoin de la pression du milieu pour modifier ses critères de sélection.
«J’ai trouvé ça étrange. Les gens ont des droits et ce n’est pas aux minorités visibles d’exiger que le SPVM change ses critères de sélection.», a-t-il en entrevue avec l'animateur Bernard Drainville.
Avec l’arrivée de la nouvelle administration à l’hôtel de ville de Montréal, le conseiller souhaite qu’elle clarifie sa position sur le sujet.
«Pour moi, le SPVM doit nous dire s’il y a de bonnes raisons d’exclure ces gens qui sont d’autres origines. Sinon, ils doivent changer leurs critères de sélection.
«Pour moi, le futur du Québec réside sur l’immigration ouverte. Et si on dit aux gens qu’ils doivent apprendre le français, on doit leur dire qu’ils ont une égalité de chance en matière de métier. Je ne vois pas pourquoi on garde de petits obstacles.»
Selon le conseiller municipal, les services de police des grandes villes canadiennes et américaines ont modifié leurs règles d’admission afin de refléter la diversité culturelle de la société.
Devoir de neutralité
Diane Guilbault, présidente du groupe Pour le droit des femmes du Québec, estime que cette demande du conseiller municipal est totalement en désaccord avec les valeurs québécoises de laïcité.
«Je pense qu’il y a des principes auxquels la société québécoise tient. Même Jean Charest avait dit que le Québec est une société laïque au moment de la commission Bouchard-Taylor en 2007. Malheureusement, la déclaration de la laïcité ne s’est pas faite et on est toujours dans une espèce de limbo, coincé dans un monde anglo-saxon qui ne connaît même pas le mot laïcité et une volonté plus républicaine qui est liée à notre histoire où on veut que la religion soit à l’extérieur de la vie publique, de la vie citoyenne. On ne s’entend pas entre le monde anglo-saxon et québécois.»
Madame Guilbault cite en exemple l’Algérie, un pays musulman où il est interdit aux femmes de porter le voile quand elles sont policières, douanières ou agentes de bord.
«Cette volonté de nous imposer des signes reconnaissables, des symboles qui transportent des messages. C’est une volonté de prosélytisme. L’affichage a un impact. Est-ce que ça veut dire qu’on va accepter le sombrero, le sari, le tutu hawaïen et le boubou africain pour que toutes les communautés culturelles soient présentes? Non, tout le monde sait que ce n’est pas possible. Un uniforme permet de distinguer des gens qui appartiennent à une profession très particulière et ces uniformes ont des règles qu’on devrait respecter. On a un devoir de réserve quant à l’affichage religieux. La personne doit faire un choix en entrant dans le service public et quand on entre dans le service public, on a des obligations que le simple citoyen n’a pas, dont celui de neutralité. L’obligation du devoir de réserve, ce n’est pas excessif.»
La présidente du groupe Pour le droit des femmes du Québec rappelle que même la Cour suprême a tranché à ce sujet. Dans le cas du maire de Saguenay, Tremblay, qui faisait sa prière avant les séances du conseil, on lui a dit que lorsqu’il était dans l’exercice de ses fonctions, il avait une obligation de neutralité.