C’est officiel, avec la hausse exponentielle de la contamination de la COVID-19 et de son variant Omicron, le gouvernement du Québec ressort les mesures massives pour tenter d’enrayer cette nouvelle vague qui se propage comme une traînée de poudre.
Le couvre-feu partout dans la province entre 22h00 et 5h00, la fermeture des salles à manger des restaurants, la fermeture des lieux de culte, la fermeture des commerces non essentiels le dimanche, le report de la rentrée scolaire en présentiel, l’interdiction des rassemblements dans les résidences privées et la suspension des activités de sports intérieurs sont là les plus importantes mesures qui ont été annoncées jeudi soir par le premier ministre François Legault, le ministre Christian Dubé et le directeur de la Santé publique, Horacio Arruda.
Les réactions ne se sont pas fait attendre tant chez les spécialistes que chez nos chroniqueurs.
Pour la professeure au département de biochimie et médecine moléculaire de l’Université de Montréal, Nathalie Grandvaux, tant le gouvernement que la Santé publique n’avaient pas le choix de procéder ainsi.
«C’est un retour quand même assez sévère en arrière, mais il faut prendre tous les moyens pour limiter les contacts et enrayer la contamination […] La lecture que je fais de tout ça, c’était la capacité hospitalière, en espérant que ça n’augmenterait pas autant. Mais on n’avait plus le choix.»
Elle admet toutefois qu’on aurait dû prévoir, en regardant les tendances ailleurs dans le monde, les taux d’absentéisme qui allaient partir en vrille comme ce fut le cas partout ailleurs.
Pour la chroniqueuse Lise Ravary, le gouvernement a agi assez rapidement compte tenu de l’évolution des hospitalisations. Elle juge que François Legault a toujours agi relativement rapidement et qu’il y a un message dans le fait de réimposer un couvre-feu tout juste avant le Nouvel An.
Selon Lise, le gouvernement aurait dû imposer non seulement un couvre-feu, mais réimposer un confinement total.
«Le plus gros problème, ce sont les rassemblements humains et pour les éliminer, il n’y a pas 56 façons de faire…»
Et en ce qui concerne les questions concernant Horacio Arruda à la tête de la Santé publique, elle soutient qu’elle n’est pas en mesure d’évaluer les compétences de l’homme en matière de Santé publique et qu’on ne le remplacera pas seulement parce qu’on lui reproche des failles communicationnelles.
«Moi avant de jeter le bébé, l’eau du bain et la serviette, j’aime mieux avoir plus d’informations… Il y a plusieurs personnes qui se questionnent sur le travail du Dr Arruda, mais on sait maintenant que Monsieur Legault veut absolument le garder.»
Pour le restaurateur Éric Luxemberg, le moral est dans les talons et tous les employés sont décontenancés. Compte tenu de toutes les préparations en vue du Nouvel An, ce sera vraiment dur.
«Ce matin, moi ça a été la panique, j’ai appelé les fournisseurs qui n’avaient pas tout livré et j’ai tout fait annuler, et plusieurs de mes employés ne pourront pas travailler.»
Le restaurateur n’imagine pas être en mesure de compenser ses recettes en restaurant par les commandes pour emporter, mais à 20h00 d’avis, il considère que c’est honteux.
«C’est comme la guerre, si on nous avait envoyé deux bombes sur Montréal, ça aurait été la même chose!»
Pour notre chroniqueur économique, François Gagnon, étant donné que les mesures sont annoncées pour les trois prochaines semaines, c’est évident que plusieurs restaurateurs devront procéder à des mises à pied.
«On n’a pas le choix, on devra s’assurer d’encourager les restaurateurs avec des commandes pour emporter ou en livraison.»
Il explique aussi que maintenant tout le Québec est éligible pour obtenir une compensation de confinement de 300$ par semaine.
Il souligne aussi qu’on devra être vigilant puisque des mesures d’élargissement du passeport vaccinal pourraient survenir dans les prochaines semaines.
Et finalement, pour Sylvain Mallette, président de la Fédération autonome de l’enseignement, on comprend et on soutient ces nouvelles mesures, bien que des questions subsistent pour les enseignants en classes spécialisées qui eux ne verront pas leur rentrée reportée au 17 janvier.
«D’abord, pour les élèves en éducation spécialisée, l’éducation se faire en présence dès le 3 janvier, mais pour tous les autres, on repousse au 17 janvier. Ça démontre l’intensité de la vague Omicron. […] Évidemment on a des questions pour nos enseignants en classes spécialisées, mais on doit respecter les mesures sanitaires et on invite les parents à aller se faire vacciner et à aller faire vacciner leurs enfants. Les enseignants ont d’ailleurs très fortement répondu à l’appel de la vaccination.»
Il souligne aussi que le téléapprentissage a de grands contrecoups dans les milieux défavorisés, où les connexions internet sont parfois limitées et surtout lorsque surviennent des pépins techniques avec l’équipement à la maison.
Sylvain Mallette rappelle aussi que les élèves en difficulté d’apprentissage sont toujours ceux qui paient le prix le plus élevé lors de l’implantation de ces mesures.