En entrevue avec Nathalie Normandeau, deux médecins de famille ont vivement réagi aux propos du premier ministre qui veut les forcer à prendre plus de patients.
Mardi, le premier ministre François Legault a affirmé qu’il avait en main une liste de noms de médecins de famille qui ne prennent pas en charge suffisamment de patients.
Il a même indiqué qu’il songeait à leur imposer une loi pour qu’ils voient davantage de patients.
On sait que 800 000 Québécois sont toujours sans médecin de famille, et ce, malgré les investissements majeurs des gouvernements au fil des ans.
«Je veux rassurer qu’il n’y a pas de problème avec la majorité des médecins de famille. Mais il y a une minorité où il y a un problème. J’aimerais mieux une entente négociée, mais si c’est nécessaire, on va faire un projet de loi»
«Il y a environ 15% des médecins qui n’ont pas une prise en charge satisfaisante»
Vives réactions
Au micro de Nathalie Normandeau, Dr François-Pierre Gladu et Dr Guillaume Langlois ont fait part de leurs réactions.
«Pensez-vous que ça va encourager d’autres étudiants à choisir cette spécialité? Ça n’a ni queue ni tête cette histoire. Le dénigrement qui a commencé en 2015 avec le ministre Barrette a eu des conséquences réelles. Il y a 425 postes de jeunes médecins qui n’ont pas été pourvus. Donc, ça veut dire 400 000 patients qui n’ont pas eu de médecin de famille. C’est la moitié du problème causé directement pas les campagnes de dénigrement de Gaétan Barrette»
«Il faut diminuer les obligations hospitalières des jeunes médecins pour qu’on puisse les retrouver davantage dans les cabinets»
«Pour expliquer le nombre moins élevé de patients, c’est soit un problème personnel ou une clientèle particulière. Quelqu’un qui a beaucoup de patients vulnérables ou qui travaille avec des clientèles défavorisées, c’est normal qu’il y ait moins de patients. Quelqu’un qui a en bas de 500 patients, il y a une raison derrière ça. Il faut la trouver. Et ce sont les gens proches qui sont les mieux outiller pour vérifier si on peut en demander plus de cette personne»
«Je sens une colère que je n’ai jamais sentie auparavant chez les médecins de famille parce qu’on ne comprend pas ce qui se passe après tout ce qu’on a fait pendant la pandémie. La claque vient un peu vite. J’ai peur qu’il y ait 200-300 médecins qui quittent. Et la population du Québec augmente de 100 000 par année, alors, il faut que le nombre de médecins suive»