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Les nombreux souvenirs de Martin Métivier sous le costume de Youppi!

Les nombreux souvenirs de Martin Métivier sous le costume de Youppi!
Youppi et Eric Gagné / Gilles Corbeil

Ils ont été nombreux à personnifier Youppi! au fil des ans, mais peu d’entre eux ont raconté leur histoire. 

Martin Métivier a personnifié Youppi! pendant sept saisons et a vécu les hauts et les bas de jouer le rôle de la mascotte orange.

Métivier travaillait pour les Expos au département des souvenirs en 1997 lorsque pour un petit évènement, la personne qui faisait normalement Youppi! n’était pas disponible. 

C’est donc Martin qui a enfilé l’uniforme, le temps de quelques instants.

La saison suivante, un autre dénommé Martin, qui jouait souvent le rôle de Youppi!, s’est blessé et une ouverture s’est créée.

«J’avais indiqué à mon patron que s’il avait besoin de moi, je serais disponible pour faire Youppi! Comme de fait, suite à la blessure de mon collègue, ils avaient besoin de moi pour faire un avant-match. Ça devait être seulement pour une fois, mais finalement, cette saison-là, j’ai fait une dizaine de matchs, et surtout plusieurs événements hors stade»

Même si Métivier aimait bien faire les matchs, ce sont les évènements qu’il appréciait le plus.

«On se promenait dans plusieurs associations de baseball, dans les hôpitaux et tout cela était gratuit. Aujourd’hui, il faut payer pour que Youppi! se déplace»

Mais lors des deux dernières saisons des Expos, il n’y avait plus de budget pour Youppi! C’est alors que Métivier a proposé de continuer les grandes tournées au Québec, en prenant lui-même le risque financier.

«Je m’étais trouvé des commanditaires, comme Desjardins et c’est comme ça que je me payais. Je ne voulais pas que Youppi! cesse ses tournées. Tu deviens attaché au personnage et tu veux que ça réussisse. Ça devient un peu ta fierté»

Un costume pas évident

On peut s’imaginer que de se déplacer dans l’uniforme de Youppi! n’est pas de tout repos. Métivier, comme tous les autres a été victime de certains incidents.

«Le plus difficile, c’est de respirer et de bien voir. Il y a un petit grillage au niveau de la bouche, et c’est par là qu’on arrive à voir. Mais il faut exagérer tous les mouvements dans le but de se déplacer, surtout avec les gros souliers. Il n’était pas rare de boire sept ou huit ''Gatorades'' durant un match. Surtout en temps de canicule. La chaleur, tu dois t’y habituer tout simplement. Souvent, on n’allait même pas aux toilettes tellement on suait. Le costume devenait imbibé de sueur»

Métivier s’est souvenu d’un évènement caritatif où il avait glissé sur une allée de quille glissante, s’infligeant une entorse lombaire. Les blessures à l’épaule étaient aussi devenues la norme.

«Je me souviens d’un collègue, Sylvain, qui lui aussi jouait le rôle de Youppi!. Il n’était pas très sportif, mais il avait eu la bonne idée d’aller se lancer avec les joueurs. On lui avait déconseillé de le faire. On ne s’en rend pas compte, mais les joueurs des majeurs lancent très fort. Michael Barrett lui avait lancé une balle qui avait effleuré son gant et qui l’avait atteint en pleine gorge. Je peux vous dire qu’il a mangé mou pendant un bon bout de temps!»

Un lien avec les joueurs

 

«Les joueurs avaient un bon rapport avec Youppi! On s’assurait d’obtenir l’approbation des joueurs adverses avant de jouer avec eux. Normalement, on avait beaucoup de plaisir. Tim Raines était un clown et se portait souvent volontaire pour s’amuser. Vladimir était un gars gêné, mais Sylvain, qui parlait espagnol l’avait amadoué. Dans le cas de Felipe, il nous tolérait. Il savait que ça faisait partie du spectacle, mais il ne fallait pas nuire au match. Et on comprenait cela»

Barrett, mentionné plus haut, est devenu un favori de Métivier. Ce dernier avait bonne réputation auprès de tous. Un jeune homme sympathique et chaleureux.

«On avait appris à se connaitre un peu lors de la caravane une année. Cette saison-là, il faisait la navette entre Montréal et Ottawa et Alou le basculait du troisième coussin à la position de receveur. J’ai eu vent qu’il passait de difficiles moments avec les Lynx, je suis donc descendu à Ottawa pour le voir et l’encourager. Il avait été touché par mon geste et nous sommes toujours demeurés en contact, même aujourd’hui sur Facebook.»

Une expérience incroyable, jusqu’à l’arrivée de Loria

«Les gens de l’organisation nous faisaient confiance. Nous savions ce que nous avions à faire et la relation était très harmonieuse. Souvent, c’est même nous qui trouvions les déguisements pour Youppi! et le club en était toujours reconnaissant.»

«Il y avait la RIO qui ne voulait pas que Youppi! roule trop vite sur son 4 par 4 sur le tapis, de peur que les coutures du vieux terrain ne s’arrachent. Mais pour le reste, on avait le feu vert.»

Mais les choses ont commencé à changer quand Jeffrey Loria est devenu propriétaire. C’est à ce moment que Métivier a vécu son moment le plus décevant en tant que Youppi!

«Éric Gagné s’en venait en ville et nous avions acheté des lunettes et une barbichette pour pouvoir imiter Éric. Il était au courant, et il n’avait pas de problème avec la mise en scène. Mais à la dernière minute, Loria s’est interposé. Il ne fallait pas que Youppi! monte sur le terrain aux côtés d’un joueur d’une autre équipe. Clairement, il n’avait pas compris ce que Gagné signifiait pour nous, les Québécois.»

«J’étais vraiment énervé. On m’avait dit que si je procédais, j’allais être congédié. Je suis passé bien près de ne pas écouter, mais mon patron m’a convaincu qu’il valait mieux juste laisser faire. Finalement nous avons pris quelques photos dans un endroit caché, mais rien de plus.»

Les enfants, rien que les enfants

Lorsque questionné sur ses plus beaux moments, Métivier n’hésite pas. C’est la relation avec les enfants qui l’a marqué le plus.

«Je me souviens spécifiquement d’un garçon du nom d’Olivier. Il était trisomique. Son père avait des billets de saison et on se voyait souvent. Cet enfant, quand il me voyait, je pouvais voir l’excitation dans son visage. Il s’exprimait beaucoup avec son regard. Je le voyais, il était heureux autour de moi, il n’y avait personne d’autre autour de nous à ses yeux. Je lui laissais toujours une note à la fin de la saison, lui donnant rendez-vous pour la saison suivante. Nous avions une belle relation, c’était vraiment spécial.»

La fin des Expos, l’arrivée des Canadiens

Après la saison 2004, les Expos n’existent plus et Martin doit faire son deuil de Youppi! et des Expos. Cela n’a pas été facile à accepter. Il a même tenté d’acheter Youppi!, avec l’aide de certains commanditaires, mais en vain. 

C’est alors que le Canadien arrive dans le portrait. Selon Metivier, Jean Béliveau aurait poussé très fort pour que Youppi! rejoigne la famille des Canadiens.

Mais l’expérience avec le Tricolore ne s’est pas bien passée pour Métivier.

«Lorsque la transition s’est faite, c’est Ray Lalonde qui était le patron. Ça été les pires trois mois de ma carrière professionnelle. Nous avions des ordres très stricts à suivre. Il fallait que Youppi! demeure dans l’ombre et nous étions gérés par un individu d’Ottawa qui n’était pas à sa place dans ce rôle.»

«Je me souviens d’avoir offert au club d’aller faire un téléthon caritatif. Je ne demandais rien en retour. Je faisais souvent cela pour les Expos, sans même leur demander un sou. Je trouvais que c’était une bonne cause. Mais on m’a refusé la demande, sans m’expliquer pourquoi. C’est à ce moment que je me suis dit qu’il valait mieux que je quitte. Ça s’est mal terminé, malheureusement avec le Canadien.»

Aujourd’hui Martin est photographe à son propre compte, il s’occupe de saisir des clichés lors de mariages, d’évènements corporatifs et même pour des associations de sports mineurs.

Cette semaine, Youppi! a été intronisé au Temple de la renommée des mascottes.

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