La propagation de la COVID-19 a incité les consommateurs à se ruer dans les marchés d’alimentation et à cuisiner davantage. Résultat : les profits des bannières ont augmenté, mais les consommateurs ont épargné. Entrevue avec Sylvain Charlebois, de la Faculté de management et en agriculture de l’Université Dalhousie à Halifax.
«Lorsqu’on transforme notre propre nourriture, on épargne énormément. En décembre 2019, on anticipait qu’une famille moyenne au Québec allait dépenser environ 12 600 $ pour se nourrir durant l’année suivante. De cette somme, 4560 $ auraient été dépensés au restaurant. Cela dit, les gens dépensent beaucoup moins chez les restaurateurs, en raison de la pandémie. Ce 4560$ équivaut à environ 3000 $ d’achat en épicerie, puisque cette famille cuisine les aliments à la maison».
Depuis les deux dernières semaines, les trois grandes bannières en alimentation – IGA/Sobeys, Loblaws/Provigo/Maxi et Métro – ont présenté des résultats financiers considérables, à savoir des hausses de vente de 10 %. IGA a annoncé notamment une augmentation de ses revenus de 37% en un mois.
Pour l’instant, ces grandes entreprises profitent de cette augmentation dans le volume de leurs ventes. Toutefois, elles risquent éventuellement de partager une partie de leurs coûts d'opération avec leurs clients, selon M. Charlebois.
«Ça ne sera pas drôle plus tard pour les consommateurs, car ça coûte de 5 à 7 % plus cher pour opérer un supermarché : on a besoin de protection et de davantage de personnel. Les salaires ont augmenté aussi de deux dollars partout. Les coûts d’opération sont donc plus élevés. Et, les entreprises de transformation également écopent de cette hausse des frais. Les clients vont payer la note...»
Contrairement à la déflation généralisée des coûts des produits au Canada, dont le pétrole, le secteur de l’alimentation, lui, a vu les prix de ses produits augmenter.
«Une famille qui dépensait environ 9 % de son budget en alimentation pourrait utiliser 12 % de celui-ci cette année. En Europe, la moyenne est de 15,5 %. Chose certaine, en cuisinant, on épargne beaucoup. D’autant plus que le gaspillage alimentaire a diminué.»