Il semble de plus en plus évident que l’Impact de Montréal perdra les services de son meilleur joueur, Ignacio Piatti. Selon plusieurs médias en Argentine, l’Impact obtiendrait en retour deux jeunes joueurs de l’équipe de San Lorenzo.
Le premier serait un jeune défenseur latéral gauche de leur académie du nom de Nicolas Fernandez, L’autre serait un jeune milieu de terrain appelé Manuel Maciel. Par ailleurs, l’Impact garderait respectivement 70% et 80% des ventes futures de ces joueurs.
Fernandez viendrait à Montréal en janvier 2021, tandis que Maciel arriverait immédiatement après le départ de Piatti.
La valeur de la transaction comme telle est discutable. Peut-être que ces athlètes deviendront à long terme des joueurs intéressants, on l’espère. On ne peut que faire confiance à Olivier Renard et Vassili Cremanzidis, qui savent ce qu’ils font. Mais sur le coup, l’Impact perdrait son meilleur joueur à quelques semaines seulement du début de la Ligue des champions.
Le départ de Piatti était écrit dans le ciel. Personne ne remet en doute le fait que le temps était venu de le laisser partir, mais ça ne pouvait pas arriver à un pire moment.
Selon des informations recueillies par le 98.5 Sports, les entraîneurs de l’Impact ne sont pas du tout heureux de la tournure des évènements. On aurait préféré que Piatti quitte à l’automne dernier pour avoir le temps de lui trouver un remplaçant. On aurait bien entendu aimé le garder à Montréal pour le début du prestigieux tournoi.
Questionné par le Journal de Montréal à propos de l’absence de Nacho durant le le match préparatoire de mercredi soir à Clearwater, l’entraîneur Thierry Henry a sèchement répondu : «Aller lui poser la question directement, car moi j'ai une ligue des champions à préparer».
Ça démontre déjà un peu la frustration de l’entraîneur, qui semble justifiée.
Lors de son arrivée à Montréal, Henry avait expliqué à quel point il voulait s’appuyer sur Nacho en 2020. Aujourd’hui, il pourrait le perdre à quelques jours du début de la saison, sans véritable plan B. Il l’a dit lui-même la semaine dernière qu’«il n’y a pas de deuxième option, va falloir s’ajuster s’il part vraiment».
Comparaison avec Giovinco
Le 30 janvier 2019, le Toronto FC vendait son meilleur joueur Sebastian Giovinco à quelques semaines du début de la Ligue des champions. Résultat : Toronto se fait varloper 4-0 au Panana dans son premier match de la LDC, contre un club clairement plus faible que lui.
Le club ne s’en est jamais remis, étant éliminé au tout premier tour.
Heureusement pour Toronto, l’argent tombe du ciel chez les Reds. Quelques semaines plus tard, le club annonce l’arrivée d’Alejandro Pozuelo à coups de plusieurs millions de dollars, leur permettant de revenir au plus fort de la course en fin de saison, pour finalement atteindre la MLS Cup.
Les amateurs de l’Impact n’ont pas été aussi chanceux. Pendant que le Toronto FC donne à ses partisans des coupes et des championnats, les partisans de l’Impact n’ont pratiquement rien eu à se mettre sous la dent depuis 3 ans, mis à part cette Coupe des voyageurs en 2019.
Le temps serait donc venu de donner aux fidèles une raison de célébrer. Une Ligue des champions, par exemple, c’est toujours magique à Montréal. Malheureusement, Nacho est sur le point de partir…
C’est bien beau penser à l’avenir, et aux jeunes que l’Impact pourrait aller chercher, mais il faut aussi, dans le sport, vivre le moment présent. L’Impact a eu très peu de chances dans les dernières années de faire vibrer ses partisans, le moment aurait été parfait de se lancer le tout pour le tout et tenter de devenir la première équipe de l’histoire de la MLS à remporter ce tournoi.
Imaginez le buzz en ville si l’Impact était « All in » ce printemps, au lieu d’entrer dans la compétition sans son seul joueur électrisant!
Un dossier qui aurait dû être géré différemment
Nacho fait toute la différence chez l’Impact. Heureusement pour 11 Montréalais, en 2019, dans les quelques matchs dans lesquels il a été en santé, Piatti a fait la différence en championnat canadien. C’est lui qui a reçu le titre de joueur du tournoi. Sans lui, même pas sûr que l’Impact bat York ou Calgary de la CPL, c’est tout dire.
En 2015, avec un club plus faible que l’édition 2020, Piatti a mené l’Impact à la finale de la LDC, et à quelques minutes du titre. Il fait toute la différence.
Sans oublier que cette année, l’équipe part déjà sans Lassi Lappalainen, la doublure de Nacho, et Jukka Raitala, tous deux évoluant sur le flanc gauche comme Nacho. Ça devient donc déjà très mince.
Celui qui risque de remplacer Piatti sur l’aile gauche en début de saison c’est Romell Quioto, un joueur dont Houston voulait absolument se débarrasser, lui qui a été littéralement chassé du vestiaire du Dynamo.
Il était clair, lorsque Nacho ne s’est pas présenté au bilan de fin de saison, qu'il était frustré par l’activation de la clause de son contrat pour 2020. Il aurait probablement été logique de le laisser partir pour rien, et utiliser les 3 millions de dollars sauvés pour lui trouver un ou des dignes remplaçants pour cette année.
À la défense de l’Impact, si Piatti a été aussi clair dans ses demandes avec le club qu’il l’a été avec les médias, je peux comprendre la confusion. Nacho a émis plusieurs promos aux médias qui portent vraiment à confusion.
On n’a qu’à penser à « s’ils veulent m’avoir pour l’an prochain ils n’ont qu’à enclencher mon option », « Un jour je vais quitter, mais ce jour n’est pas arrivé », « je suis ici, car j’ai un contrat », « je suis ici aujourd’hui, on verra pour le reste ». On va se le dire, Nacho n’a rien fait pour étouffer ou éclaircir les rumeurs.
Pourquoi ne pas faire comme Rooney?
Au mois d’août, le joueur étoile du DC United Wayne Rooney évoquait le même genre de raison pour son éventuel départ. Il désirait retourner en Angleterre auprès de sa famille.
Il a annoncé publiquement que c’était terminé pour lui à Washington. Il a accepté de terminer la saison avec DC et il a joué les séries. Ensuite, il est rentré à la maison pour 2020.
Voilà la façon de faire les choses! Les partisans sont déçus, mais se sentent au moins respectés. Le club a aussi devant lui plus de six mois pour s’ajuster pour la saison suivante. Et le joueur obtient ce qu’il désire, c’est-à-dire un départ dans un avenir rapproché.
Un effet négatif
On ne se racontera pas d’histoire, il n’y a personne qui s’excite ce matin à l’idée du départ de Nacho. Personne ne s’est dit en se levant, je dois immédiatement aller acheter des billets avant qu’ils s’envolent tous.
La perte de Nacho va se faire sentir. Un départ du 10 aurait été célébré par tous s’il survenait le 1er juillet prochain, mais aujourd’hui la pilule sera difficile à accepter, surtout si l’Impact trébuche en première ronde de la LDC comme Toronto l'an dernier.
Et si l’Impact rate les séries pour encore deux ou trois ans? Et si la Ligue des champions ne revenait pas avant encore cinq ou six ans? Le club regrettera-t-il de ne pas avoir tout tenté pour gagner dès cette année? Poser la question c’est y répondre.