Le passé du sulfureux écrivain Gabriel Matzneff lui revient en plein visage à l’approche de la publication d’un livre intitulé «Le consentement», qui traite des agressions sexuelles de l’homme à l’endroit de l’auteure du livre, Vanessa Springora. Entrevue avec Denise Bombardier, qui dénonçait déjà les agissements de Matzneff en 1990...
Ce livre, qui sera publié le 2 janvier par les Éditions Grasset, est grandement attendu, surtout en raison de son sujet corrosif.
Tout comme en Amérique du Nord, une vague de dénonciation des violences sexuelles a touché la France. Récemment, une nouvelle accusation de viol impliquant le réalisateur franco-polonais Roman Polanski n’a fait qu’accentuer le dégoût de nombreux Français.
Il faut préciser que l'auteur, aujourd'hui âgé de 83 ans, a avoué publiquement son goût pour les jeunes filles et les jeunes garçons au fil du temps. Dans certaines entrevues accordées dans le passé, il a par ailleurs affiché un mépris à peine caché pour les femmes.
«Lauréat du prix Renaudot essai 2013, l'écrivain a longtemps été une figure prisée du milieu littéraire, invité à la télévision pour s'épancher, sans trop choquer, sur ses attirances sexuelles, comme l'illustre une séquence de l'émission littéraire Apostrophes avec Bernard Pivot, très partagée sur les réseaux sociaux», a écrit l’Agence France-Presse.
Vanessa Springora, la nouvelle directrice des éditions Julliard, raconte dans son nouveau livre de 200 pages comment elle a été séduite par l'auteur, lorsqu’elle était adolescente (14 ans). Gabriel Matzneff (elle l’appelle G) avait alors près de 50 ans. Évidemment, elle a été psychologiquement marquée par cette relation et elle l’explique dans son livre.
Matzneff critiqué par Bombardier
La romancière québécoise Denise Bombardier avait publiquement critiqué les comportements de Gabriel Matzneff, il y a 30 ans.
Elle avait été l’une des rares personnalités publiques, sinon la seule, a dénoncer ses dires et ses écrits. En 1990, sur le plateau de l’émission Apostrophes, animée par Bernard Pivot, Bombardier s’en était prise à Matzneff.
«J’ai été la seule personne à dénoncer ses agissements. En France, on disait ne pas vouloir toucher à la littérature. On ne touche pas à l’écrivain. Mais, on ne parlait pas de ce qu’il y avait dans les livres de Gabriel Matzneff. Les gens doivent lire le livre de Vanessa Springora. Elle sait écrire. C’est une écriture chirurgicale. Elle raconte comment il la sodomisait à 13 ans et demi. Elle croyait qu’il l’aimait… C’est invraisemblable. [...] Ce livre est terrible et magnifique. [...] Que l'adulte s'interpose entre le pédophile et l'enfant, c'est plus important que de choisir un parti politique!»
Visiblement, Vanessa Springora va provoquer une déflagration dans le monde littéraire français.