En cette journée d’Halloween, je veux vous parler d’un sujet qui fait peur à regarder, soit la façon que Rémi Garde a géré la masse salariale de l’Impact de Montréal.
Rémi Garde était un entraîneur compétent qui connaissait son soccer. Il a mis quelques mois à s’adapter à la MLS, mais la plupart du temps, il a su tirer le maximum de ses joueurs.
Là où ça s’est gâté, c’est au niveau de la gestion administrative. Certains ne le savaient peut-être pas, mais lorsque Garde a été nommé entraîneur-chef de l’Impact, on lui a aussi donné le titre de directeur du personnel des joueurs.
C’est donc dire que c’est lui qui avait le dernier mot lorsqu’il était question des acquisitions et des départs de joueurs.
Le problème, c’est qu’en arrivant à Montréal, Garde n’avait aucune connaissance de la convention collective de la MLS ou de son système de plafond salarial.
Voici quelques décisions prises sous sa gouverne qui ont laissé le nouveau directeur sportif de l’Impact Olivier Renard dans de beaux draps :
Rudy Camacho
Camacho, qui vient du même village que Garde en France, s’est emmené à Montréal sous son ère. Camacho s’était entendu avec l’Impact le 23 mars 2018, alors que la saison était déjà entamée. On se souviendra qu’un autre défenseur central, Zakaria Diallo, était tombé au combat tout juste avant le début de la saison et l’Impact avait besoin de renfort à cette position.
Rémi Garde, qui désirait absolument Camacho, lui a consenti un contrat de 2,8M$, garanti pour 4 ans. Le genre de contrat qu’on ne voit nulle part ailleurs en MLS.
Aujourd’hui, l’Impact est pris avec ce lourd et long pacte. Il ne faut pas s’attendre à ce que l’Impact protège Camacho lors du prochain repêchage d’expansion. Montréal ne l’avait pas protégé non plus en 2018 et il n’avait pas été repêché par Cincinnati. Même s’il a connu une meilleure deuxième saison, il ne risque pas non plus d’être sélectionné par Miami ou Nashville.
James Pantemis
James Pantemis est peut-être le plus beau joyau de l’organisation de l’Impact de Montréal. Le hic, c’est que le jeune Québécois n’a joué que deux matchs en trois ans. Comme disait Renard, lors de son premier point de presse, un jeune qui ne joue pas, c’est une catastrophe.
Et bien James se tourne les pouces depuis trois ans. Mis à part quelques séjours d’entraînement à Bologne et quelques matchs de Championnat canadien, il n’a à peu près pas évolué.
Rémi Garde a refusé de le voir être prêté cette saison, préférant le garder près de Rémi Vercoutre, l’entraîneur des gardiens.
Résultat des courses, Pantemis n’est toujours pas prêt à prendre la place de gardien partant en MLS. Pire encore, il serait surprenant que le jeune cerbère montréalais accepte de jouer les seconds violons à Montréal en 2020, lui qui a absolument besoin de jouer sur une base régulière l’an prochain pour espérer le voir devenir le gardien dont plusieurs estiment qu’il deviendra.
Maxime Crépeau
Un des dossiers les plus mal gérés de l’histoire de l’Impact est celui du jeune gardien Maxime Crépeau. N’ayant pas de place pour lui à Montréal en 2018, l’Impact a décidé de l’envoyer à Ottawa avec le Fury.
Le jeune Québécois connaît une année du tonnerre battant plusieurs records historiques de la USL et il a reçu aussi le titre de Joueur de l’année pour le Fury d’Ottawa. Mais à sa grande surprise, lors de son retour à Montréal, le bilan de sa saison ne fut pas celui qu’il espérait.
Garde l’a informé qu’il n’a pas regardé un seul de ses matchs! Une situation des plus choquantes! Quelques semaines plus tard, il est échangé à Vancouver pour un minable montant de 50 000$.
Comment une organisation sérieuse peut-elle développer un joueur local pendant autant d’années pour finalement le laisser partir pour presque rien? C’est un non-sens! Garde a toujours semblé avoir une dent contre le jeune Québécois qui lui avait clairement fait savoir dès son arrivée qu’il désirait jouer régulièrement, à Montréal ou ailleurs.
Chez les Whitecaps, Crépeau a récidivé avec une autre solide saison, remportant pour une deuxième année consécutive, le titre de Joueur de l’année au sein de la formation. Les Caps l’ont tellement aimé qu’ils lui ont offert un contrat à long terme.
Rod Fanni
Lorsque Rod Fanni est arrivé à Montréal au printemps 2018, l’Impact avait besoin de stabilité dans l’axe et le grand vétéran n’a pas déçu. Il est rapidement devenu un pilier de l’équipe. Le hic, c’est que Garde lui avait offert 1,2M$, un montant énorme selon les standards de la MLS.
Ensuite, alors que le club en aurait eu besoin, Garde a décidé de ne pas le ramener pour la saison 2019. C’est seulement après le départ de Garde que Fanni est revenu, à un salaire équivalent à un peu plus de 300 000$ par année, ce qui est beaucoup plus raisonnable et qui reflète mieux l’échelle salariale de la MLS pour un joueur de sa trempe.
Maxi Urruti
Après la saison 2018, il était clair que l’Impact avait besoin d’un attaquant de pointe de premier plan et Garde a arrêté son choix sur Maxi Urruti. Un joueur qui couvre beaucoup de terrain et qui avait quand même connu sa part de succès en MLS, même si en 2018, il démontrait déjà des signes de ralentissement au niveau de sa production.
Pour s’assurer qu’Urruti accepte d’être échangé de Dallas à Montréal, l’Impact a dû bonifier son contrat. C’est donc comme cela qu’Urruti s’est retrouvé avec un ahurissant contrat de 3,6M$ sur trois saisons, plus une année d’option (2022) associée à ses performances.
Urruti a beau avoir un gros volume de jeu, son salaire est un énorme boulet pour l’Impact, tant au niveau de l’argent qu’au niveau des années garanties. Voilà un autre joueur avec lequel l’Impact est pris. Un autre joueur que Montréal ne protégera pas lors du repêchage d’expansion et qui sera aussi ignoré.
Harry Novillo
On n’a pas besoin de revenir sur le désastre qu’a été Harry Novillo. Encore là, Garde lui a offert un contrat garanti pour deux ans d’une valeur totale de 1,4M$. Un salaire que l’Impact a dû honorer pour la saison entière, même si ce dernier s’est vu montrer la porte à la mi- saison.
La seule bonne nouvelle dans ce dossier, et je ne sais pas comment l’Impact a réussi ce tour de force, c’est que Novillo a lui-même accepté de laisser tomber les 700 000$ que l’Impact lui devait pour 2020. Si ce n’était pas de l’agent de Novillo, qui a été plus que bon joueur, l’Impact aurait été amputé de ce montant pour l’an prochain aussi. Cela aurait été désastreux!
Daniel Lovitz
Lorsque Daniel Lovitz a été appelé en équipe nationale américaine, le défenseur latéral de l’Impact a décidé de revoir sa valeur à la hausse. C’est ainsi que l’entente verbale, d’une prolongation de contrat entre lui et l’Impact, est tombée à l’eau lors du camp d’entraînement 2019.
Lovitz qui profitait d’une nouvelle crédibilité piquait la curiosité de plusieurs équipes de la MLS, lui qui n’empochait que 90 000$. Étant donné qu’il était sans contrat, l’Impact aurait peut-être dû procéder à une transaction à ce moment-là pour s’assurer d’obtenir une bonne valeur en retour. Mais Garde a préféré ignorer les appels et garder Lovitz, un joueur sur qui il aimait compter.
Mais aujourd’hui, Garde n’y est plus et l’Impact se retrouve avec un joueur sans contrat. Si le club n’arrive pas à l’échanger ou le signer dans les prochains jours, il pourrait quitter l’Impact et la MLS pour aller améliorer sa situation financière ailleurs sur la planète foot.
Evan Bush
La prolongation de contrat d’Evan Bush pour trois ans et environ 1,2M$ est un peu plus difficile à critiquer. Le gardien de l’Impact venait de connaître une bonne saison 2018 et le salaire qu’il désirait reflétait pas mal ce que les bons cerbères de la MLS empochent.
Très peu de gens ont critiqué cette signature lorsqu’elle a eu lieu, puisqu’elle semblait sensée. Personne ne pouvait se douter que Bush connaîtrait une saison 2019 aussi difficile. Mais force est d’admettre qu’en ce moment, on peut regarder en arrière et se dire que cela n’a peut-être pas été la meilleure des décisions de Garde.
L’avenir
Il y a une bonne nouvelle dans tout cela. L’Impact est présentement à la recherche d’un entraîneur qui, on l’espère, sera nommé dans les plus brefs délais. Et la bonne nouvelle, c’est que celui qui prendra les rênes de cette équipe n’aura qu’une seule tâche, gérer l’aspect sportif.
Ce sera à Olivier Renard et à son associé, Vassili Cremanzidis, de gérer les sous et les contrats.
Comme dit l’adage, chacun son métier, et les vaches seront bien gardées.