Bien que l’ancien ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, ait nié que sa réforme des soins de 2015 ait contribué à la dégradation des services offerts par la DPJ, des intervenants sur le terrain témoignent d’une tout autre réalité.
En entrevue avec Paul Arcand lundi matin, le travailleur social et ancien gestionnaire du réseau de la Santé, Martin Robert, a expliqué comment cette réforme avait eu un impact sur son travail auprès de familles démunies.
Il évoque la primauté du médical sur le social et la centralisation des services au sein de grands ensembles tels que les centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS) ou les centres intégrés universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS).
«Au Québec, on a un ministère de la Santé et des Services sociaux. Avec les dernières réformes menées par des ministres qui étaient des médecins spécialistes, on a recentré l’approche sur le médical. On n’a jamais autant parlé de construction d’hôpitaux et de super cliniques, de salaires des médecins, mais très rarement des services sociaux. Les services sociaux ont été un peu exclus dans un contexte d’austérité, ce sont les parents pauvres»
«Du jour au lendemain, mon établissement à Magog qui comptait 1000 employés est passé à 17 000 employés. Ma direction, quand je veux revendiquer des choses pour mes familles comme travailleur social, est rendue à Sherbrooke. Il y a 17 000 employés en avant de moi. Donc, loin des yeux, loin du cœur. Les décisions se prennent à partir des centres régionaux. Donc le temps que les préoccupations d’en bas montent en haut, c’est très long et difficile»
Il déplore aussi que l’implantation de cette grande bureaucratie et technocratie a eu pour effet d’occuper les travailleurs sociaux à remplir des grilles de toutes sortes.
«On est dans des protocoles de soins. Tout ça les éloigne de la population. Tous ces outils servent d’abord à l’administration»