Claude Poirier a couvert l’actualité judiciaire au cours de plusieurs décennies. Dans le cadre de la thématique du temps des Fêtes, il se remémore avec nous des événements qui ont marqué son parcours.
Né en 1945, Frank Shoofey a été tué en 1985. Célèbre pour avoir défendu des criminels comme Richard Blass et Monica Proietti, Shoofey a été un avocat criminaliste influent.
Dans les années 1960, il était déjà en vue au Québec. Il écrivait pour les journaux et participait à des émissions de radio et de télévision. Il avait par ailleurs des affinités avec le Parti libéral du Québec. Certains prévoyaient à l’époque qu’il finirait un jour ministre de la Justice.
L’homme a aussi agi en tant que négociateur dans quelques prises d'otages.
Le soir de son assassinat, Claude Poirier a eu une discussion téléphonique avec Frank Shoofey. Ils ont raccroché, puis ce fut la dernière conversation qu’ils ont eue.
«Dimanche, deux jours auparavant, il était venu me voir. Il était très énervé et tendu. Il m’a alors laissé sous-entendre qu’il avait reçu des appels inquiétants, notamment de la part de Frank Cotroni (patron de la mafia montréalaise), qui était au Centre de détention Parthenais. Cotroni lui avait dit de se tasser de l’affaire des Hilton. […] Shoofey devait témoigner lundi pour expliquer les contrats l’impliquant avec les boxeurs de la famille Hilton. […] Cotroni n’a jamais été impliqué de près ou de loin avec le meurtre de Shoofey. Il a juste voulu l’avertir… Le juge Raymond Bernier (qui a présidé un comité d’enquête sur les sports de combat) a conclu que le meurtre était relié au milieu de la boxe…»
Une autre version
Mardi, le 15 octobre 1985, Frank Shoofey a été abattu de trois coups de feu à la tête et de deux au thorax à son bureau. Il avait 43 ans. Selon certaines rumeurs persistantes, ce meurtre aurait un lien avec le fait qu'il fut également l'avocat du boxeur Dave Hilton, Sr., ainsi que des autres pugilistes du clan Hilton, et des relations conflictuelles qu'il entretenait avec divers autres gros noms de la boxe nord-américaine.
Plus tôt, en 1985, Shoofey s'était opposé au fait que les Hilton signent un contrat avec le célèbre promoteur américain Don King.
«J’ai toujours pensé aussi que le meurtre était associé à la boxe… Pourtant, il y a deux ans, j’ai su que quelqu’un avait appelé Frank Shoofey… Un homme détenu voulait obtenir son aide. Frank aurait exigé un montant d’argent. Le prisonnier en question, qui donnait beaucoup de contrats à Shoofey, aurait été derrière son meurtre. C’est aussi la version d’un policier qui était près de l’enquête. La police n’a jamais accusé le gars, car elle manque de preuve. En plus, il purge une sentence d’emprisonnement à vie dans l’Ouest canadien.»
Au Québec, dans les années 1980, on a voulait faire le ménage dans le monde de la boxe. Le juge Raymond Bernier a reçu le mandat de faire le ménage dans les sports de combat (boxe, lutte et kick-boxing). Bernier a été président-directeur général de la Régie de la sécurité des sports au Québec, de 1985 à 1990.
Shoofey s’apprêtait à parler à Raymond Bernier à propos du monde la boxe lorsqu’il a été assassiné.