MÉXICO — Au Mexique, la grogne populaire a porté au pouvoir le candidat de gauche Andres Manuel Lopez Obrador. Le nouveau président a notamment le mandat de faire le ménage de l'establishment politique et de gouverner pour les pauvres.
Un sondage réalisé à la sortie des urnes dimanche donnait une avance de 16 à 26 points au populiste Andres Manuel Lopez Obrador. Ses principaux rivaux ont reconnu sa victoire avant même que les résultats officiels ne soient publiés par l'Institut national électoral.
Lopez Obrador, qui a juré de transformer le Mexique et d'évincer du pouvoir la «mafia» qui gouverne le pays, a suscité la colère et le mécontentement des électeurs du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) du président Enrique Pena Nieto, Lopez Obrador a toutefois mené les sondages tout au long de la campagne.
Le chef du Mouvement de régénération nationale servira un mandat de six ans qui se terminera à la fin de 2024.
La constitution interdit au président de se représenter à la fin de son mandat de six ans.
Le conservateur Ricardo Anaya, à la tête d’une coalition droite-gauche, et José Antonio Meade, candidat du Parti révolutionnaire institutionnel, étaient les deux principaux adversaires de Manuel Lopez Obrador.
Au nom du gouvernement du Canada, le premier ministre Justin Trudeau a présenté ses félicitations à Andrés Manuel López Obrador. M. Trudeau a écrit dans un communiqué que le Canada et le Mexique étaient des amis proches et des partenaires de longue date qui entretiennent une relation commerciale mutuellement profitable qui fait l'envie du reste du monde.
Il a dit souhaiter au président López Obrador de pouvoir créer une croissance économique qui profite au plus grand nombre et faire avancer les droits de la personne et l'égalité.
Les Mexicains ont donc élu dimanche leur 58e président. Voici quelques enjeux-clés que les électeurs avaient en tête au moment de se rendre aux urnes:
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LA CORRUPTION
La corruption est un fléau qui n'a rien de nouveau au Mexique. Elle prend la forme de policiers qui soutirent quelques pesos aux automobilistes pour leur épargner une contravention, mais aussi de politiciens haut placés qui acceptent des pots-de-vin en échange de contrats publics.
Cet enjeu a dominé la course présidentielle de 2018. Plusieurs gouverneurs issus du parti du président sortant, Enrique Peña Nieto, ont été impliqués dans des scandales de corruption hautement médiatisés. La première dame, Angelica Rivera, a elle aussi provoqué un tollé lorsqu'il a été mis au grand jour qu'elle avait acquis sa luxueuse résidence auprès d'une entreprise bénéficiaire de contrats publics.
Le nouveau président, Andres Manuel Lopez Obrador, a souvent vilipendé ce qu'il désigne comme la «mafia du pouvoir». Il s'engage à mettre fin au soudoiement de politiciens pour des intérêts commerciaux. Le candidat conservateur Ricardo Anaya avait quant à lui promis que s'il accédait au pouvoir, le président Enrique Peña Nieto «ferait face à la justice». Jose Antonio Meade, issu du même parti que M. Peña Nieto, avait reconnu que les pots-de-vin constituaient un problème, mais il s'est abstenu de critiquer le président sortant. L'indépendant Jaime Rodriguez, qui traînait loin derrière dans les sondages, disait qu'il irait pour sa part jusqu'à trancher les mains des politiciens qui volent l'argent des contribuables.
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LA VIOLENCE
Au coeur d'une guerre du narcotrafic qui s'étire depuis plus d'une décennie, des cartels fragmentés continuent de s'affronter pour le contrôle du territoire. Le Mexique est en voie d'enregistrer 30 000 meurtres cette année — la plus sanglante depuis que ces données ont commencé à être compilées, en 1998. Des assassinats et des enlèvements continuent d'être perpétrés en toute impunité, et le sort des 43 étudiants disparus en 2014 dans l'État du Guerrero après avoir été emportés par des policiers demeure inconnu.
Des gangs criminels extorquent des petits commerces et de simples citoyens dans plusieurs régions où le règne de la loi est précaire. Des policiers et des représentants gouvernementaux, surtout au niveau local, sont même rémunérés par des cartels.
Le gouvernement canadien recommande d'éviter tout voyage non essentiel dans pas moins de dix États mexicains.
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L'ÉCONOMIE
L'économie mexicaine roule au ralenti. Son produit intérieur brut a progressé d'un anémique 2,1 pour cent l'an dernier. La société pétrolière d'État, Petroleos Mexicanos (Pemex), a vu sa production dégringoler, atteignant un creux historique de 2 millions de barils par jour en février. Le peso mexicain s'est affaissé face au dollar américain, qui vaut aujourd'hui quelque 20 pesos — comparativement à 13 pesos en 2012, lors de l'arrivée au pouvoir d'Enrique Peña Nieto.
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LE FACTEUR TRUMP?
La relation du Mexique avec les États-Unis, de loin son plus grand partenaire sur le plan du commerce, de la sécurité et de l'immigration, a été durement mise à l'épreuve depuis l'élection de Donald Trump en 2017, même si la plupart des électeurs mexicains semblent davantage préoccupés par des enjeux internes.
L'effort actuel de renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain fait planer l'incertitude sur l'économie mexicaine. Le président Peña Nieto a été vivement critiqué pour ne pas avoir adopté d'emblée une position plus ferme face à Donald Trump en matière de commerce, d'immigration, mais aussi par rapport au mur que ce dernier veut ériger à leur frontière commune.
Les quatre candidats à la présidence estimaient tous que le Mexique devait se montrer ferme, mais aussi respectueux vis-à-vis des États-Unis.