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Tuerie à la mosquée de Québec: Un crime raciste, mais non terroriste, assure un psychiatre

Tuerie à la mosquée de Québec: Un crime raciste, mais non terroriste, assure un psychiatre
Alexandre Bissonnette / PC
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QUÉBEC - La tuerie commise par Alexandre Bissonnette à la grande mosquée de Québec était un crime égoïste et assurément raciste — mais non terroriste, a fait valoir jeudi matin un psychiatre appelé à la barre par la Couronne.

Ce témoignage présenté en contre-preuve a terminé les audiences sur la détermination de la peine.

Selon Gilles Chamberland, un expert en psychiatrie légale de l'Institut Philippe-Pinel qui a passé quatre heures la veille avec Bissonnette, son crime n'était pas un acte terroriste. Le jeune homme de 28 ans n'avait pas de revendications et ne prétendait pas porter une cause.

Mais il développait depuis un bon moment un projet de suicide, qui devait régler tous ses problèmes.

«Dans sa vie, c'est devenu la porte de sortie», a souligné l'expert.

Puis, uniquement s'enlever la vie sans rien faire d'autre lui est apparu comme étant un projet insatisfaisant. Il s'est alors fait une construction raciste, «basée sur des choses complètement fausses», explique le psychiatre, qu'il avait besoin de croire pour prendre la communauté musulmane comme cible.

«Un crime trop égoïste pour être terroriste», juge-t-il.

Ses gestes ont été posés «en fonction de lui» et «de ce qu’il avait besoin de faire pour lui».

Mais l'élément de racisme était bel et bien là.

«Ce crime-là est empreint de racisme, même si monsieur ne le voit pas», a déclaré l'expert.

Car il s'était défendu qu'on lui appose pareille étiquette. Bissonnette avait déclaré à la cour, lorsqu'il a été déclaré coupable fin mars, qu'il n'était pas islamophobe.

Par contre, il avait vraiment l'intention de se suicider, croit le psychiatre: «Il avait gardé des balles» le soir du 29 janvier 2017.

M. Chamberland a aussi posé un diagnostic différent des autres psychiatres qui ont témoigné. Il estime que le jeune homme souffre d'un trouble limite de personnalité, qui expliquerait son anxiété étouffante, ses idées suicidaires, sa dépendance à ses parents et sa peur de l'abandon.

Son potentiel de réhabilitation est très difficile à évaluer, a-t-il fait valoir au juge François Huot de la Cour supérieure.

Personne ne sait où il en sera dans 25 ans, dit-il. C'est le minimum que Bissonnette devra être incarcéré.

Des thérapies seront disponibles en prison, certes, mais des gens intelligents s'en servent pour apprendre quoi dire et paraître sous le meilleur angle possible. L'expert note que Bissonnette peut être «stratégique» et qu'il est capable de changer ses versions des faits.

Pour changer, c'est vrai que ça prend un moteur, de l'espoir, convient M. Chamberland. Sortir dans 25 ans, est-ce que c'est un moteur? «Je ne pense pas». 

Les prochaines étapes en cour

Bissonnette ne connaîtra pas sa peine tout de suite — pas avant septembre, en fait.

Les audiences quant à elles se sont terminées vers midi, jeudi. Les plaidoiries des avocats doivent avoir lieu ultérieurement.

Avant de révéler combien d'années Bissonnette devra passer en prison, le juge a un point important à trancher. Ses avocats veulent faire déclarer inconstitutionnel — et donc invalide — l'article du Code criminel qui permet aux juges d'imposer des peines consécutives.

Dans le cas de Bissonnette, cela voudrait dire que le juge peut cumuler les peines de 25 ans — une par meurtre — pour en arriver à un total 150 ans d'incarcération.

Les avocats de Bissonnette vont plutôt plaider qu'il devrait être admissible à une libération conditionnelle après avoir passé 25 ans derrière les barreaux.

Le juge Huot n'écarte pas de lui imposer une peine plus longue que 25 ans de prison et donc des peines consécutives. «C'est une possibilité», a-t-il dit au jeune homme directement.

«Il serait pour vous illusoire de croire que vous aurez votre sentence avant septembre», a-t-il ajouté après lui avoir expliqué le processus.

Il va donc entendre les arguments des parties sur la constitutionnalité de cette disposition législative en juin, et ensuite, leurs plaidoiries sur la peine.

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