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Premier de deux concerts au Centre Bell

Les tendances passent, The Cure reste

Les tendances passent, The Cure reste
Robert Smith, vendredi, au Centre Bell / Tim Snow/Evenko

Lorsque The Cure est monté sur la scène au Centre Bell, vendredi, pour le premier de ses deux concerts, Robert Smith, lentement, sans se presser, a scruté la foule. Vers le sommet des gradins tout d’abord, puis au parterre, tout près de lui.

Et après avoir traversé la scène sur le large, à pas presque feutrés pendant les premières mesures de Alone, il a repris le même manège de l’autre côté. Calmement, comme s’il buvait les applaudissements nourris et les cris des spectateurs. Et surtout, comme s’il voulait s’assurer que tout le monde était prêt.

«O.K. Vous êtes là?», semblait dire son regard.

«Nous aussi. On y va.»

Et pendant les deux heures et quarante-cinq minutes suivantes, The Cure aura été The Cure.

Comme d’habitude, diront certains, mais à un niveau de qualité auquel nous n’étions peut-être plus en droit de nous attendre après plus de 40 ans de carrière.

Depuis quelques décennies, un concert du groupe né à Crawley, au Royaume-Uni, se veut un voyage immersif dans l’un des répertoires musicaux les plus originaux qui soient. Ce qui n’est pas banal dans la mesure où la première incarnation du groupe de Robert Smith est née à une époque où une nouvelle tendance musicale chassait l’autre quelque six mois plus tard.

D’un groupe issu de l’ère post-punk ascendant new wave, The Cure a trouvé le moyen de loger des tas de succès sur les palmarès, sans pour autant s’aliéner sa base fidèle qui adore les chansons aux structures ambiantes vaguement glauques, penchant gothique. Ce qui explique autant le type de spectateurs que l’on voyait dans le Centre Bell que les écarts de générations.

Succès, nouveautés, raretés

Une fort jolie version de Pictures of You et une Lovesong rassembleuse ont ouvert et fermé un segment qui comprenait la nouvelle – et excellente – A Fragile Thing ainsi que A Night Like This. Bel équilibre entre le terrain connu et la découverte. Parlant de découverte, And Nothing is Forever, avec ses claviers grandioses, a été fort séduisante.

Tim Snow/Evenko

Source: Tim Snow/Evenko

Succès et nouveautés, donc, mais aussi des raretés pas possibles. Celle qui m’a jeté à la renverse: Three Imaginary Boys avec la déchirante complainte: «Can you help me?»

Pensez-y…

Nous avons eu droit, en 2023, à Montréal, à la chanson-titre du premier disque du groupe, qui remonte à 1979. Même dans mes rêves les plus fous, je ne l’aurais jamais espérée…

La longue séquence formée de Burn (solide), Kyoto Song (interprétée avec ferveur par Smith), Push (vibrante) et Play For Today (avec participation de la foule) s’est conclue avec une version à rallonge déchaînée de A Forest où Smith et le bassiste Simon Gallup - l’autre membre fondateur - se sont payés la traite.

Derrière le groupe, on voyait une forêt aux couleurs de la pochette du disque dont la chanson est tirée, Seventeen Seconds (1980).

La portion… disons, régulière, du concert (90 minutes) a été d’un calibre exceptionnel, tout comme Smith, 64 ans, qui était dans un grand soir, rayon voix. La basse de Gallup et la guitare de Reeves Gabriel – ex-collègue de David Bowie -, ainsi que les claviers de Roger O’Donnell et la batterie de Jason Cooper, tout, absolument tout, était d’une netteté sans pareil.

Des rappels à la pelletée

Et, fidèle à son habitude, The Cure a offert 15 chansons avant les rappels… et 14 autres lors de deux rappels. Un vrai marathon. Et de qualité, en plus.

L’enchaînement des trois dernières chansons (At Night, Plainsong, Disintegration) du premier rappel a emporté la foule dans un tourbillon de sons et de souvenirs. Les albums Disintegration (1989) et The Head in the Door (1985) ont eu droit au plus grand nombre de sélections durant le concert, soit cinq et six, respectivement.

Tim Snow/Evenko

Source: Tim Snow/Evenko

Comme c’est toujours le cas, le deuxième et long rappel (neuf chansons, 40 minutes!) a fait la part belle aux succès intemporels et universels.

La beauté musicale de Lullaby était indéniable et Smith s’est amusé comme un petit fou durant l’interprétation de Six Different Ways. Les 17 000 spectateurs et plus – ça valait la peine pour The Cure de tenir tête à Ticketmaster et à la tarification dynamique – ont sauté de joie dès les premières notes de Friday I’m In Love qui, un vendredi soir, est d’autant plus de circonstances.

Et cette irrésistible finale n’a jamais baissé d’intensité par la suite. La pimpante Close To Me et l’explosive Why It Can Be You? ont servi de rampe de lancement à In Between Days dont la mélodie imparable n’avait d’égal que les sourires affichés par les amateurs partout autour de moi.

Le paradis? C’est ce que The Cure a offert tout de suite après avec l’incontournable Just Like Heaven. C’était d’ailleurs pas mal le sentiment général dans ce Centre Bell en mode festif à ce moment.

Smith et ses collègues ont conclu comme c’est très souvent le cas avec Boys Don’t Cry, chanson signature qui aura traversé les époques. C’était particulièrement satisfaisant de l’entendre dans des conditions parfaites et sans coupure de son… comme cela s’était produit en 2013, au festival Osheaga.

Samedi soir, pour le deuxième concert, il faut s’attendre à des variations de chansons et il est plausible de penser que 10:15 Saturday Night suivra Boys Don’t Cry.

Mais vendredi, lorsque la foule hurlait encore son approbation et son plaisir, Smith, après avoir laissé ses collègues quitter la scène, a encore longuement arpenté cette dernière, sourire aux lèvres et main sur la poitrine, en saluant la foule.

Une façon de remercier ses fidèles admirateurs - désormais, de plusieurs générations - et de rappeler que le temps et les tendances passent, mais que The Cure reste.

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