La menace nucléaire existe depuis des décennies, mais aucun pays n’y a eu recours depuis les bombardements américains au Japon en 1945.
Ladite menace n’a jamais semblé si réelle ces jours-ci depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie et l’évocation d’une riposte nucléaire par Vladimir Poutine.
La doctrine militaire derrière la menace nucléaire se nomme MAD (Mutual assured destruction), que l’on pourrait traduire par « Destruction mutuelle assurée » en cas d’attaque nucléaire.
Au micro de l’animateur Bernard Drainville, Hughes Eudeline, ex-commandant français d’un sous-marin nucléaire explique le principe qui sous-tend la dissuasion nucléaire.
« Le principe est très simple : si vous m’attaquez avec des armes nucléaires, vous subirez à votre tour des dégâts inacceptables. Autrement dit, les coûts d’une attaque excèdent ses bénéfices. Et même si vous m’attaquez en premier… Même si vous me surprenez, de toute façon, je pourrai vous répondre. »
L’ex-commandant prend ici l’exemple d’une attaque sur la France.
« Même s’il n’y a plus personne de vivant en France, je pourrai vous répondre à partir d’un sous-marin qui est à la mer, qui aura reçu l’ordre de feu. Qui lui, n’aura pas été touché et qui pourra lancer tous ses missiles. »
La France possède quatre sous-marins lanceurs d’engins.
« Ça fait 50 ans cette année qu’il y a au moins un sous-marin nucléaire lanceur d’engins en permanence à la mer et qui est en posture de tirer en permanence. C’est un parapluie pour le pays. »
Et comment, hypothétiquement, se déroulerait une riposte nucléaire dans un sous-marin?
« Dans le sous-marin, les gens sont formés. Ils savent que c’est leur mission et que s’ils ont à lancer des missiles, c’est que, de toute façon, leurs familles, à priori, ont disparu. Donc, ils le feront. Ça, c’est absolument certain. Ils vont frapper. »
Cela dit, l’ex-commandant maintient sa position.
« C’est épouvantable, mais le jeu n’en vaut pas la chandelle pour l’adversaire. Il faut reconnaître que ça a fonctionné durant toute la guerre froide. C’est quand même quelque chose d’assez extraordinaire. »
En dépit de la gravité de la situation actuelle, l’ex-commandant pense que la situation est, somme toute, sous contrôle.
On l’écoute…