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Jeremy Filosa et ses souvenirs de Diego Maradona

Jeremy Filosa et ses souvenirs de Diego Maradona
Image / Photo fournie par Jeremy Filosa

Je me souviens encore du jour où mon père m’a dit que Diego Maradona n’était pas Italien! Comment était-ce possible, il s’appelle Diego Maradona? Je n’en revenais tout simplement pas.

Mon père écoutait souvent le soccer en italien à CFMB dans les années 80. La chaîne multiethnique présentait souvent des matchs en direct d’Italie. Et souvent, c’était Naples que l’on captait, justement car Maradona y faisait des malheurs.

Mon père trainait sa radio du garage au jardin pour écouter le soccer. Et moi, je me demandais comment le descripteur arrivait à parler aussi vite! J’avais de la misère à suivre ce qu’il disait. Ne sachant pas à ce moment-là qu’un jour moi aussi je ferais la description de matchs de soccer à la radio. 

Les Italiens se sont approprié Maradona. Comme il disait lui-même, je suis un Napolitain 365 jours par année. Il a permis à Naples de passer d’une équipe comme tant d’autres à une équipe suivie mondialement.

Du haut de ses 5’5’’, il arrivait à déjouer ses adversaires à un contre un comme nul autre. Il était un showman, il donnait toujours un spectacle et il transcendait son sport. Tout le monde connaissait Maradona. Quand on jouait au soccer entre amis, et qu’on gars essayait de déjouer tout le monde tout seul, on lui demandait : « Te prends-tu pour Maradona? »

Il était tellement difficile à arrêter que la Série A est devenue une ligue ultra-défensive après son passage, car toutes les équipes tentaient de trouver un moyen de le contrer. Le style défensif du « catenaccio » (cadenas en français) est né à la fin des années 80 en Italie justement pour neutraliser ce type de joueur.

La Coupe du monde de 1990

Tout le monde connait l’histoire de Maradona à la Coupe du monde 1986 et de sa main de Dieu, alors je vais vous parler de celle de 1990.

Petite parenthèse, j’ai eu la chance de visiter le Stade Azteca au Mexique lors de la finale de la Ligue des Champions avec l’Impact en 2015, lieu du crime du fameux but controversé de Maradona. On y a érigé une statue pour commémorer ce moment historique. Je me trouvais choyé de pouvoir y être.

Pour revenir à 1990, j’avais 15 ans et je travaillais dans la cordonnerie de mon oncle pour l’été. La Coupe du monde arrivait à grands pas et je ne voulais absolument pas manquer les matchs de l’Italie. Je demande donc au propriétaire de l’édifice de me passer un fil de câble dans le local pour que je puisse y brancher une télé et regarder les matchs.

L’Italie connait un bon tournoi, mais se retrouve devant l’Argentine en demi-finale. Le match a lieu à Naples, imaginez-vous dont, et Maradona porte le maillot des méchants. Mais les Italiens sont tellement déchirés qu’à l’intérieur du stade les amateurs sont divisés. Maradona était tellement populaire qu’il avait converti des Italiens contre les Azzurris!

Toto Schilacci avait ouvert la marque pour l’Italie, le meilleur marqueur à l’époque. Mais le match s’était transporté en prolongation à 1-1, un joueur argentin avait même été expulsé. Mais lors des barrages, imaginez-vous donc que c’est Maradona qui met le clou dans le cercueil de l’Italie, dans sa propre ville.

Quel moment bizarre! J’en avais mal au cœur, l’Italie était éliminée, et par Maradona lui-même. Mais on l’avait aimé ce gars-là, on avait fait de lui un roi. Comment pouvait-il nous faire ça? Je me sentais trahi. Mais c’est là que c’est compris qu’au soccer, jouer pour sa nation passe avant tout.

Je ne sais pas s’il y a un lien entre les deux, mais 1991 fut la dernière saison de Maradona à Naples et en Italie.

Même si, ensuitem il passe le reste de sa carrière de joueur et d’entraîneur loin de l’Italie, les Italiens ont toujours continué de le suivre et de l’aduler. On continue de se l’approprier encore aujourd'hui.

Mercredi, en Italie, impossible d’ouvrir la télévision sur une chaîne de la RAI et ne pas tomber sur un topo, un reportage ou une table ronde sur Maradona. L’Argentine est en deuil national, mais l’Italie n’est pas très loin derrière.

Il nous a fait triper, et il nous a prouvé qu’avant tout, le soccer est un spectacle. Maradona n’avait qu’une direction, par en avant. Et il n’avait qu’une cible, le filet adverse. Il ne passait pas par quatre chemins, il ne cherchait pas à faire 14 passes, il prenait le ballon et se dirigeait vers la cage adverse.

À mon sens, c’est ce qui fait la beauté du soccer. Des gars comme Maradona, il n’y en aura plus autant, c’est dommage, car pour vendre le soccer, il n’y avait pas meilleur homme.

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