Biologiste, humoriste et chroniqueur, Boucar Diouf a sa façon bien à lui d’analyser la crise planétaire du coronavirus.
En entrevue avec Bernard Dainville, mercredi, c’est d’abord dans son rôle de biologiste qu’il a abordé le coronavirus.
«Les virus existent pour prendre la place qui leur appartient dans la biosphère. Il y en a beaucoup sur la biosphère. C’est probablement la forme de vie la plus représentée dans la biosphère. On en entend parler seulement quand il y en a un méchant qui nous menace. Les virus, les bactéries et les microbes sont apparus aux premiers balbutiements de vie sur la planète. Ils sont dans tous les milieux, même dans notre ADN puisque 5 à 8% de notre ADN est viral. Ils occupent leur place comme nous occupons la nôtre»
«Il y a au moins 10 000 virus sur la planète et dont la plupart sont utiles à l’humain, car ils attaquent des bactéries qui sont nuisibles à l’espèce humaine. Les virus sont utilisés en oncologie pour traiter des cancers, pour fabriquer des vaccins, etc. Quand arrivent des épidémies, on oublie tout ça»
Une leçon d'humilité
Reconnu pour sa grande sagesse, Boucar Diouf a admis que la situation actuelle l’inquiétait, mais il estime qu’il est possible pour l’humanité d’en tirer des leçons importantes.
«Je suis inquiet, je trouve ça triste car il y a des familles endeuillées et d’autres qui vivent une réclusion forcée. C’est plus dramatique parce qu’on combat un ennemi qu’on ne voit pas. Je pense que les virus servent aussi à ramener un peu d’humilité chez l’espèce humaine. On se trouve tellement invincibles et on se qualifie souvent de prédateurs suprêmes de la planète. Mais en réalité, voilà un petit virus invisible qui paralyse toute la planète. Malgré tout le drame que nous vivons, c’est une bonne leçon d’humilité»
«Mais c’est un parasite et le parasite ne tue pas son hôte! Il n’a pas intérêt à exterminer son hôte parce que sinon, il ne survivrait pas. Il va nous fragiliser, mais il y a plein de gens qui vont en guérir. Le virus est moins méchant quand tu le compares à l’espèce humaine. Combien d’espèces l’humain a-t-il fait disparaître sur la terre? L’humain a rasé de la terre tellement d’espèces. C’est aussi une crise environnementale et il faut que les gens le sachent. À force d’empiéter sur la place des autres animaux, surtout en Chine. Vendre des animaux vivants dans les marchés… toutes ces horreurs qui sont engendrées par la médecine traditionnelle chinoise… La Chine va devoir faire un énorme ménage si elle a appris sa leçon»