Un voleur qui a été tabassé par un commerçant à qui il venait de dérober une chaîne en or doit être considéré comme une victime et être indemnisé par les fonds publics, selon un tribunal administratif. C'est le monde à l’envers ? L’avocat Marc Bellemare et le sénateur conservateur Pierre-Hugues Boisvenu estiment que ce jugement est totalement inadéquat.
Selon la juge administrative Hélène Gouin, le voleur a été incapable de se défendre face au propriétaire qui s’est attaqué à lui, en représailles de son geste.
Même hors du commerce, le voleur s’est fait agresser par son assaillant, visiblement furieux en raison du geste commis.
Dans une récente décision, Hélène Gouin a ordonné à l’Indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC) de dédommager le cambrioleur.
Une poursuite et une raclée
Cette histoire rocambolesque s’est déroulée en mai 2015, dans le commerce d’un prêteur sur gages de Montréal. Avant de voler une chaîne en or, l’individu avait tenté de s’emparer d’une chaîne acoustique.
Selon ce que rapporte le Journal de Montréal, cette chaîne en or était évaluée à 3000 dollars.
Ayant pris la fuite avec son butin, le voleur s’est fait poursuivre par le propriétaire. Ce dernier, ayant retrouvé le malfaiteur un kilomètre plus loin, lui aurait donné une bonne volée de coups.
Les policiers sont finalement intervenus pour séparer les deux hommes. Bien entendu, les agents ont accusé le voleur d’agression armée. Or, le voleur a décidé de porter plainte contre le propriétaire qui a finalement lui aussi été accusé de voies de fait causant des lésions.
«C’est une décision du tribunal administratif du Québec qui mérite d’être contesté. J’ai su que le procureur général du Québec avait l’intention de demander à la Cour supérieure de casser cette décision, ce qui serait une bonne chose à mon avis. Je pense que l’IVAC doit s’adresser aux vraies victimes. Je rencontre tous les jours des gens qui déplorent le fait qu’on ne leur rembourse pas des frais de psychologue, des frais de déplacement, des frais de repas… Ils sont obligés de se battre… Franchement, à partir du moment qu’une personne vole, les fonds publics ne devraient pas la dédommager. […] Pourtant, la loi de l’IVAC prévoit déjà qu’une personne ayant commis une faute grave à l’occasion d’un acte criminel ne peut pas être dédommagée par le régime.»
«Je milite depuis 15 ans pour la fermeture complète de l’IVAC. […] On y aide parfois mieux des criminels que de vraies victimes. C’est une organisation qui est complètement dépassée quant à l’aide aux victimes.»