Claude Poirier a couvert l’actualité judiciaire au cours de plusieurs décennies. Dans le cadre de la thématique du temps des Fêtes, il se remémore avec nous des événements qui ont marqué son parcours.
Richard Blass, surnommé «Le Chat», a été l’un des plus dangereux criminels qu’a connus le Canada. On lui avait octroyé ce sobriquet, car il semblait avoir plusieurs vies.
«J’ai connu les trois frères Blass: Mario avait des problèmes dans la boîte à poux; il mettait le feu à divers endroits. Michel a été important dans le milieu du crime. Quant à Richard, c'était un meurtrier. J’ai eu beaucoup de sympathie pour la mère de ces trois gars. Elle s’est malheureusement enlevé la vie. […] J’ai connu Richard au début de sa carrière criminelle. il m’avait fait des menaces, parce qu’il n’avait pas aimé ce que j’avais écrit dans le [le journal] Dimanche-Matin et dit à la radio à propos du meurtre d’un jeune Italien… Il détestait les Italiens et la mafia...»
Plus tard, le 7 mai 1968, Richard Blass a attiré le parrain de la mafia italienne, Frank Cotroni, dans une embuscade à l'extérieur de sa maison : deux gardes du corps de Cotroni sont alors tués, mais Frank Cotroni s’en sort indemne. En août de la même année, «Le Chat» a survécu à une première tentative de meurtre organisée par les sbires de Cotroni. Deux semaines plus tard, ceux-ci ont mis le feu au Manoir Plaisance de Saint-Hippolyte où Richard Blass se terrait. Or, deux hommes et une femme innocents ont péri dans l'incendie. Blass, quant à lui, s'est échappé. Encore.
En octobre, Blass a été piégé dans un garage de stationnement du nord-est de Montréal. Bien qu’une balle ait atteint Blass à la tête alors qu'il fuyait les lieux dans une automobile conduite par son partenaire Claude Ménard, il a réussi à s’échapper et se rendre à l'Hôpital Jean-Talon…
Qualifié de «criminel le plus dangereux du Canada» par le procureur de la couronne, Me Claude Girouard, Blass a aussi réalisé une évasion que certains considéraient comme la «fuite la plus importante du siècle».
En novembre 1974, il écrivait une lettre à son procureur, Frank Shoofey, dans laquelle il menaçait de tuer un grand nombre de personnes, «à moins que les journalistes n'obtiennent la permission de visiter les lieux de détention de Saint-Vincent-de-Paul».
Évadé du pénitencier de Saint-Vincent-de-Paul le 23 octobre 1974, Richard Blass est entré au cabaret le Guargantua, le 21 janvier 1975, avec l'intention d'éliminer un ancien policier, devenu gérant de l'établissement... Après avoir commis cet assassinat, Blass et ses complices ont décidé d'éliminer les douze témoins sur place en incendiant le cabaret.
«À partir de son évasion du pénitencier de Saint-Vincent-de-Paul, Blass est devenu fou. Ce qu’il a fait au cabaret le Guargantua, sur la rue Beaubien [c’est terrible]… Richard Blass soupçonnait un gars d’être un informateur de la police. Ce soir-là, il est entré avec un complice… Après ça, Blass est devenu extrêmement dangereux.»
Ce crime effroyable et spectaculaire a incité les autorités policières à se lancer à la recherche de Blass afin de mettre fin à ses activités.
La poursuite s'est terminée dans les Laurentides avec la mort violente de Richard Blass.
Après une série de meurtres, de règlements de compte et de vols, l'homme a été abattu par la police, à Val-David, le 24 janvier 1975. Il a été criblé de 28 balles.
Entre 1965 et 1975, Blass a été soupçonné de 21 meurtres. Par ailleurs, il a réalisé trois évasions de prison. Comme si ce n'était pas suffisant, il a aussi survécu à cinq fusillades...
(Avec l’aide de l’Université de Sherbrooke et La mémoire du Québec)