Ceux qui ont suivi de près les Expos de Montréal des années 1970 à 1990 se souviendront assurément du journaliste sportif Danny Gallagher. Lors de sa longue carrière de 46 ans, Gallagher a longuement été affecté à la couverture quotidienne de la formation montréalaise.
Il a donc décidé d’écrire un livre sur la seule et unique fois où les Expos ont participé aux séries durant leurs 35 années d’existence. Les Expos avaient de bonnes équipes à la fin des années 1970 et au début des années 1980, mais à cause de la forte compétition qu’offraient les Phillies de Philadelphie et les Pirates de Pittsburgh, c’est seulement en 1981 que les amateurs des Expos ont finalement pu goûter aux séries d’après saison.
Le livre s’intitule Blue Monday, the Expos, the Dodgers and the homerun that changed everything.
De gros circuits dans les séries il y en a eu plusieurs. Des équipes ont été éliminées de façon dramatique sur des attrapés spectaculaires, des jeux serrés et des circuits de neuvième manche. Éventuellement les partisans oublient, passent à autre chose et de nouveaux souvenirs sont créés.
Mais à Montréal, le Blue Monday demeure encore frais à la mémoire de tous les partisans de baseball. Le circuit de Rick Monday des Dodgers de Los Angeles en séries éliminatoires de 1981 pour éliminer les Expos n’a jamais été oublié. Malheureusement pour les amateurs de l'équipe, ils n’ont jamais plus se pu se créer de nouveaux bons souvenirs pour finalement mettre derrière eux ce gris moment de l’histoire du club.
Une saison divisée
La saison 1981, c’est l’année où une grève vient séparer la saison en deux portions. Plutôt que de poursuivre la saison à la reprise des activités, le baseball majeur décide que la première moitié de saison est terminée et qu’un deuxième champion de division sera couronné en octobre. Ces deux champions de saison régulière s’affronteront donc au premier tour des séries. Le gagnant ira jouer dans la ronde suivante contre le représentant de la section ouest de la Ligue nationale.
Les Expos sont couronnés champion de la deuxième moitié de saison. C’est, entre autres, grâce à un triple de Wallace Johnson au défunt Shea Stadium, à New York, le 3 octobre 1981 que les Expos se qualifient pour les séries.
« Ce triple et aussi le fameux circuit de Jerry White sont les deux plus beaux moments de l’histoire des Expos, explique l’auteur. Quand je revois les images, j’en ai encore des frissons.»
Les Expos affrontent donc au premier tour, les Phillies de Philadelphie.
« Dans cette série, le meilleur lanceur des Expos Steve Rogers a battu deux fois le meilleur lanceur des Phillies Steve Carlton. Il fallait le faire. Le battre une fois c’est une chose, mais deux fois, c’est un exploit remarquable.»
Expos-Dodgers
Les Expos ont finalement éliminé les Phillies, mettant la table pour une série contre les Dodgers. Rogers a aussi été crédité d’une victoire dans cette série. Il était à ce point dominant. Ray Burris a aussi fait tout un travail face aux Dodgers tenant tête deux fois au grand Fernando Valenzuela.
Avant le match ultime, Rogers indique à son gérant Jim Fanning qu’il était disponible pour lancer en relève au besoin, même s’il n’avait pas lancé dans ces circonstances depuis 1978. Dans une situation serrée, en fin de match, Fanning décide de lui faire confiance. Malheureusement pour les Expos, Monday frappe un circuit qui passe tout juste par-dessus la clôture du champ centre. Les Expos sont éliminés quelques minutes plus tard.
Rogers retire les deux premiers frappeurs à lui faire face. Il doit maintenant affronter un gaucher en Rick Monday. La logique voulait que Rogers cède sa place à un gaucher comme Woodie Fryman ou Bill Lee.
« C’est par respect pour son lanceur que Fanning a décidé de le laisser affronter Monday, a expliqué Gallagher. Fanning manquait d’expérience et n’aurait pas dû prendre cette décision. »
Fanning avait pris la relève de Dick Williams, un gérant dur que les joueurs n’appréciaient plus. Avec l’arrivée de Fanning, l’atmosphère dans le vestiaire était plus légère selon Gallagher, et c’est une raison pour laquelle le club s’est remis à performer. Mais selon lui, jamais Williams n’aurait pris une telle décision.
La relation entre Lee et Fanning s’est effritée suite à cet incident. Jamais Lee n’a pardonné à Fanning de ne pas lui avoir donné sa chance, lui qui se réchauffait dans l’enclos. Les deux hommes étaient à couteaux tirés depuis ce temps, ce qui a mené au départ de Lee la saison suivante.
« Le circuit de Monday a été le clou dans le cercueil des Expos, mais ce n’est pas pour ça qu’ils ont perdu. Le club n’a marqué que 10 points dans cette série de cinq matchs. L’attaque est tombée à plat. Andre Dawson lui-même n’a frappé que trois coups sûrs en vingt apparitions au bâton. Il l’a admis lui-même qu’il avait été mauvais.»
Dans son livre Gallagher fait aussi un retour en enfance avec Monday, qui a été abandonné par son père à un très jeune âge.
« Je raconte plusieurs anecdotes dans ce livre, dont la relation très houleuse entre Monday et son père. »
Persona non grata
Rick Monday est devenu l’ennemi juré des Montréalais.
« Il m’a expliqué qu’un soir en 1982, il est sorti souper au Sir Winston Churchill Pub sur la rue Crescent et que le tenancier a refusé de lui servir à souper, lui et un coéquipier. Il lui avait expliqué qu’il avait une cuisine bondée d’employés qui était prête à lui casser la gueule et qu’il ferait mieux de quitter. Il a plusieurs petites anecdotes de ce genre dans le livre.»
Danny Gallagher sera présent à la libraire Chapters à Pointe-Claire le dimanche 28 octobre 2018 entre 11h30 et 14h30 pour une séance de signature de livres.