La très grande majorité du verre récupéré au Québec n’est pas recyclé. Il est plutôt jeté à la poubelle à grands frais. Entrevue avec Karel Ménard, directeur général du Front commun pour une gestion écologique des déchets.
On apprend dans un article de la journaliste Caroline Desplantes, publié dans le Journal de Montréal, que seulement 14 pour cent du verre québécois est récupéré. En 2015, 159 000 tonnes de verre ont été recyclées selon un rapport de Recyc-Québec. Tout le reste a servi de matière de recouvrement sur les différents sites d’enfouissement. Le verre sert en effet à envelopper les autres matières envoyées à l'enfouissement.
Il en coûterait environ 30 dollars pour enfouir une tonne de verre à la décharge.
À titre comparatif, 18 % des plastiques récupérés sont recyclés. Or, on fait beaucoup mieux avec le papier et le carton (79 %) ainsi que le métal (49 %).
Contamination du verre
«Étrangement, ça fait longtemps que l’on sait que le verre n’est pas recyclé comme il devrait l’être», a dit d’entrée de jeu M. Ménard, lundi.
«La façon dont on récupère le verre et surtout la manière dont il est trié ne rendent pas le verre apte au recyclage. Le verre se contamine lors de ces opérations de collecte et de tri.»
Seulement le verre issu de la consigne pourrait servir à la fonte et à la fabrication de nouveau verre. Au Québec, il serait très difficile de trouver du verre non contaminé.
Ainsi, les compagnies québécoises qui travaillent avec le verre récupéré préfèrent s’approvisionner à l’étranger (citons les provinces maritimes canadiennes ou encore les États-Unis) en raison de la mauvaise qualité de notre système de tri.
Au Québec, le verre issu de la collecte sélective (le bac à recyclage) ne serait pas assez propre pour la refonte. Il serait trop contaminé par d’autres matières présentes dans la collecte.
Le verre québécois servirait donc à fabriquer de l’abrasif ou du béton.
Par ailleurs, le verre québécois, trop fragile pour notre système de récupération pêle-mêle, finit par contaminer toutes les autres matières jetées dans les camions. Un autre problème.
Le gouvernement Couillard a promis en juin 2017 de moderniser le système de consigne des contenants, qui n’a pas changé depuis plus de 30 ans. Tel qu’expliqué dans un article du Devoir publié en juillet, un groupe de recherche devait se pencher sur la question et sur l’enjeu de la collecte sélective, pour présenter des solutions concrètes à l’automne dernier…