Outre le soleil et la chaleur, deux autres facteurs d’importance peuvent attirer le touriste canadien à Cuba en hiver : le prix abordable du voyage et, s’il est un mordu de l’auto, ces (pas toujours) belles vieilles autos américaines.

Mais avant de vous lancer vers l’aéroport, il vous faut savoir quelques petites choses sur ces autos. D’abord, si vous croyez y trouver la bagnole rétro de vos rêves, sachez que la plupart de ces voitures sont belles de loin, mais, bien souvent, loin d’être belles. Peu, sinon aucune n’a été finie avec les critères que nous connaissons ici. Les artisans cubains ne disposent pas des mêmes matériaux que chez nous, tout simplement.
Et puis, le prix demandé sera certes bien au-delà de ce que vous espérez. D’ailleurs, vous ne pourrez peut-être pas sortir l’auto de Cuba. En vérité, vous pourriez en trouver une semblable en Amérique du Nord en meilleur état et à un prix nettement plus raisonnable.

Tout cela importe peu, car les vieilles voitures états-uniennes sont une attraction en soi à Cuba. Il y aurait, selon plusieurs guides cubains, encore plus de 60 000 vieilles autos américaines toujours en fonction à Cuba.

On sait qu’après la Révolution de 1959, Fidel Castro ne voulait plus que les Cubains achètent des produits américains, y compris des autos. Plus de la moitié de ces dernières datent donc des années cinquante et la plupart d’entre elles étaient de bas ou de milieu de gamme vu le revenu limité des habitants de l’île. Toutefois, il reste aussi quelques voitures de luxe, surtout des Cadillac, qui ont déjà appartenu à de riches Américains de l’époque.

De véritables hybrides
La plupart des vieilles autos américaines que vous trouverez à Cuba sont des voitures hybrides. Non, elles n’ont rien d’électrique (il n’y a pas d’autos électriques sur cette île !). Le terme « hybride » veut dire ici qu’elles ont une mécanique importée d’un autre véhicule, bien souvent un moteur Diesel et une boîte mécanique issus de Lada et d’autres autos soviétiques ou encore asiatiques.

Souvent, c’est avec un peu de difficulté que le moteur réussit à déplacer l’imposante caisse américaine. On reconnaîtra alors les Chevrolet, Ford ou Plymouth à moteur diesel au son plutôt rauque du moteur ou à son gros échappement qui, en marche, laisse échapper une fumée noire. Ce ne sont pas des diesels modernes.
Pourquoi des diesels ? Parce qu’ils coûtent moins cher à rouler (j’ai entendu parler d’un carburant Diesel « clandestin » qui se vend moins de la moitié du prix du diesel « légal »). Imaginez ! L’essence se vend environ un peso « convertible » (CUC) le litre, mais le Cubain moyen ne gagne que 40 pesos par mois. Remplir (ou presque) un réservoir équivaut à un mois de salaire. Cela explique aussi pourquoi les proprios de ces vieilles autos américaines en font un taxi, ce qui est très payant.

Vous trouverez la plupart de ces « taxis » à La Havane et dans la région touristique de Varadero.
Autrement, la grande majorité des voitures est un parc de Peugeot (de location), d’anciennes soviétiques (Lada, Zaporozhets, Volga et autres dérivés de Fiat), de Geely chinoises et autres. Il y a aussi quelques vieilles anglaises comme des Ford Consul et Prefect ou des Vauxhall Cresta qui roulent toujours à Cuba.
Cependant, ce que vous verrez le plus, ce sera des Chevrolet, surtout des Tri-Five (1955, 56 et 57), des Ford et des Dodge. Il y aura des Oldsmobile, des Pontiac, des Mercury et quelques Rambler au travers, mais les berlines les moins coûteuses de l’époque y règnent.

Et s’il y a encore de beaux cabriolets, notez que plusieurs coupés et berlines ont été transformés en décapotable, ce qui était possible avec ces voitures puisque leur carrosserie reposait sur un châssis rigide. Ça ne pourrait se faire avec des autos modernes et leur caisse autoporteuse.

Les camions et camionnettes
Ce qui pourrait surprendre le touriste canadien qui arrive pour la première fois à Cuba, c’est de voir le nombre impressionnant de pick-up GMC Sierra tout récents. Ils appartiennent à des compagnies canadiennes qui aident les Cubains à exploiter le gaz et les mines. Ces mêmes compagnies se servent également de Ford F-250 et de tracteurs routiers International et Freightliner qui se retrouveront, fort possiblement, aux mains de propriétaires cubains lorsque les compagnies canadiennes en auront fini.
Donc, si vous allez à Cuba, n’oubliez pas votre appareil photo. Et si vous avez quelques sous à dépenser, réservez une ballade en vieille américaine. Mais ne vous attendez pas à monter dans une auto restaurée à la perfection.
Voir la prochaine page pour d’autres photos de vieilles voitures qui embellissent ce pays ensoleillé.

La Chevrolet 1955 vue ici à Cardenas est aussi très populaire à Cuba. Notez que la plupart de ces vieilles autos sont équipées de roues chromées fabriquées en Chine. Ces dernières sont même livrables au Canada !

Il y a également plusieurs Chevrolet 1957 à Cuba. Ce modèle qui fait partie du groupe Tri-Five est aussi recherché.

Cette Chevrolet Impala 1958 est une version cabriolet originale, c’est-à-dire que ce n’est pas un toit coupé. Mais si l’on se fie à son échappement, elle a perdu son V8 au profit d’un 4-cylindres Diesel. Ce que l’on ne voit pas, ce sont les trous de rouille réparés derrière les roues arrière. Et il y a une plaque de la Floride. Curieusement, on ne voit pas beaucoup de Chevrolet 1959 à Cuba. Mais il y a plusieurs Ford Galaxie de la même année.

Il fut surprenant de voir cette berline Lincoln Zephyr 1947 ou 48 dans les rues de La Havane, déjà qu’on parle d’une voiture rare en Amérique du Nord. Son moteur V12 a, lui aussi, fait place à un moteur Diesel.

Les cabriolets Ford de 1955, 1956 (comme celui-ci) et 1957 sont très visibles à Cuba. La plupart ont un moteur Diesel rapporté.

Vraiment rare à Cuba, ce cabriolet Ford Thunderbird 1959 avait toujours son V8 à essence d’origine sous le capot.

Chrysler donnait la réplique à Chevrolet et à Ford avec la Plymouth en 1959. Toutefois, les produits Chrysler sont moins recherchés par les Cubains. Ce cabriolet était originalement un coupé dont le toit a été enlevé.

Plutôt rare dans les rues de La Havane, ce cabriolet Chrysler Imperial avait son V8 d’origine, mais une boîte manuelle. On suppose que l’automatique a rendu l’âme il y a longtemps et qu’elle a été remplacée par une boîte manuelle de camionnette soviétique ou asiatique. Les « burn-out » ne sont pas recommandés.

Il y a plusieurs petites voitures anglaises dans les rues de Cuba dont des Ford Consul et Zephyr et des Vauxhall Cresta et autres. Mais elles ne sont généralement pas dans un bel état.

Il y a déjà eu des sportives à Cuba, mais en petit nombre. Cette MG-A restaurée avec les moyens du bord en serait une survivante.

Si vous croyez voir des Cadillac récentes à Cuba, sachez qu’il s’agit des Geely chinoises qui affichent un look semblable aux récentes CTS.

On peut louer des voitures à Cuba, dont la plus récente version du Suzuki Jimny, un petit VUS 4x4 qui connaîtrait certes un grand succès au Canada s’il y était offert. Il y a des excursions organisées dans la région de Varadero, mais le mécanisme actionnant la motricité aux quatre roues a été neutralisé sur les petits véhicules. De toute façon, les sentiers de 4 x 4 sont presque inexistants à Cuba !