Comme le recommandait le rapport de la Commission Viens, le premier ministre du Québec, François Legault, a présenté des excuses publiques aux autochtones et Inuits du Québec, mercredi.
Le premier ministre a offert les excuses de l’État, alors que les leaders autochtones étaient assis au balcon du Salon bleu de l’Assemblée nationale.
«J’offre aux membres des Premières Nations et aux Inuits du Québec les excuses les plus sincères de l’ensemble de l’État québécois. L’État québécois a manqué à son devoir envers vous. Il vous demande aujourd’hui pardon»
Des excuses nécessaires
Dans son édito mercredi, l’animateur Patrick Lagacé a affirmé que ces excuses étaient nécessaires. Il a d’ailleurs comparé le racisme systémique des autochtones canadiens à celui des noirs aux États-Unis.
«C’était la chose à faire. Partout au Canada, les autochtones sont traités comme des citoyens de second ordre depuis des siècles. Ils ont été victimes de génocides à travers notamment les pensionnats chrétiens où on a essayé d’assimiler les enfants autochtones»
«On a déraciné des enfants, on les a arrachés à leurs parents, on les a sortis de leur communauté et interdit de parler leur langue. Et ç’a cassé plusieurs nations autochtones et on en vit encore les effets aujourd’hui. Ça fait des individus qui ont grandi avec des problèmes sociaux et les problèmes sociaux dans notre pays, c’est la responsabilité des provinces. Et le Québec, comme d’autres provinces, a failli à la tâche dans ses services aux autochtones. Et c’est ça que François Legault a reconnu à l’Assemblée nationale»
«Les autochtones au Canada vivent une forme de racisme institutionnalisé, systémique qui est comparable à celui des noirs aux États-Unis. Reconnaître ça, ça ne fait pas des Québécois, individuellement, des racistes. Mais ça envoie un signal à notre gouvernement que les choses doivent changer»
La nécessité de mesures concrètes
Tout comme Patrick Lagacé, Bernard Drainville et Luc Lavoie ont commenté les excuses de Legault.
«Cette idée qu’on s’excuse pour le passé, ça me tape sur les nerfs, ça m’agace. Quand je l’entends s’excuser pour des choses qui se sont passées, il y a 25 ans ou 40 ans. Ce n’est pas ça le rôle d’un gouvernement. Le rôle d’un gouvernement, c’est de mettre en place les mesures qui vont faire en sorte que ce dont il est accablé ne se reproduise plus»
«Là tu fais du populisme. Tu sais très bien que dans nos vies ou avec ton peuple, le processus de réparation commence avec l’admission de la faute. Et c’est ça que François Legault a fait ce matin. Et pour les Premières Nations, c’est important pour qu’après, on entreprenne un processus de guérison avec des mesures concrètes»
«C’est sûr que la discrimination autochtone, ça fait partie de l’ADN du pays. Et aujourd’hui, ça reste une tache très importante sur l’histoire du Québec et du Canada. Il faut revoir de fond en comble la façon dont on se conduit avec les peuples autochtones. Il faut que la Loi des Indiens soit abolie»
Les trois intervenants s’entendent aussi sur le fait que ces excuses ne doivent pas être la seule action prise par le gouvernement envers les peuples autochtones. Des mesures concrètes doivent être rapidement mises de l’avant pour améliorer notamment leurs conditions de vie.