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Tensions à Kanesatake et Oka: «De la violence et de l'extrémisme dans les propos du maire»

Tensions à Kanesatake et Oka: «De la violence et de l'extrémisme dans les propos du maire»
Image / Photo: La Presse canadienne
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Près de 30 ans après la crise d'Oka, des tensions réapparaissent dans cette communauté du lac des Deux-Montagnes au sujet des intentions d'un propriétaire foncier de restituer des terres aux Mohawks de Kanesatake dans la pinède qui avait été le théâtre d'un affrontement meurtrier à l'été 1990. Les récents propos tenus par le maire d'Oka sont inadmissibles, selon notre chroniqueur Luc Lavoie.

«Il y a de la violence et de l'extrémisme dans les propos du maire d'Oka. Il y a aussi de l'insulte et de la condescendance à l'égard de la communauté mohawk. Ça remet en exergue une question qu'on refuse de régler au Canada: les autochtones, depuis la fin du XIXe siècle, vivent sous la loi sur les Indiens [...], qui a créé une sorte de génocide culturel, comme l'avait dit la juge en chef de la Cour suprême à la retraire, Beverley McLachlin.»

Luc Lavoie s'est dit bouche bée devant les propos tenus par le maire d'Oka, Pascal Quevillon.

La crise d'Oka a pourtant laissé des marques profondes dans l'histoire du Québec. «C'est une honte», de souligner Luc Lavoie.

«A-t-on besoin de telles niaiseries? Le traitement réservé aux autochtones est une tache dans l'histoire du Canada. Ça me met hors de moi.»

Quevillon craint une nouvelle crise d'Oka

Des centaines de personnes ont rempli mercredi soir une église de cette petite localité au nord-ouest de Montréal pour discuter de la restitution aux Mohawks, par un promoteur privé, d'une partie de la pinède, dans le cadre du programme fiscal de «dons écologiques» du gouvernement fédéral.

Le maire d'Oka, Pascal Quevillon, a déclaré que sa communauté souhaitait discuter avec le gouvernement fédéral de ce transfert proposé, qui inquiète aussi ses concitoyens, selon lui. Sans la souhaiter, M. Quevillon craint une nouvelle crise d'Oka qui serait cette fois menée par des résidents inquiets des empiètements autochtones sur leur territoire.

Ses commentaires ont suscité des critiques de certains résidents d'Oka, qui estiment que la rhétorique incendiaire de leur maire ne contribue guère à améliorer les relations de bon voisinage avec les Mohawks. Le grand chef de Kanesatake, Serge Simon, se dit aussi préoccupé par les propos du maire d'Oka, qui s'appuient selon lui sur la désinformation.

Mais le maire Quevillon en a remis, affirmant qu'on retrouvait à Kanesatake des dépotoirs illégaux et des «cabanes à cannabis et à cigarettes», et qu'il ne voulait pas de cela dans sa ville.

Le premier ministre fédéral Justin Trudeau a déploré la sortie du maire d'Oka. Selon lui, les commentaires de Pascal Quevillon «manquent de respect et de compréhension, qui sont nécessaires à la réconciliation».

Le grand chef de Kanesatake Serge Simon a dit que les tensions s'étaient grandement aggravées à Oka. Il réclame l'intervention d'intermédiaires comme le gouvernement québécois pour calmer les esprits. 

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«Esprit de réconciliation»

Grégoire Gollin, un promoteur privé, soutient qu'il a agi dans un esprit de réconciliation en concluant le mois dernier un accord pour céder au conseil local de Kanesatake 60 hectares de forêt dans la fameuse pinède où se trouve un cimetière ancestral mohawk. La cession serait réalisée dans le cadre du Programme fédéral des dons écologiques, qui procure d’importants avantages fiscaux aux propriétaires de terres «écosensibles» souhaitant «protéger la nature et transmettre un héritage aux générations futures».

En plus des 60 hectares, M. Gollin a également indiqué qu'il était prêt à discuter de la vente au gouvernement fédéral de 150 hectares supplémentaires qu'il possède à Oka, afin qu'ils soient transférés éventuellement à la communauté mohawk. Il soutient que près de la moitié de ce territoire est adjacente à des terres appartenant déjà à Kanesatake.

M. Gollin, n'a toujours pas accordé d'entrevue aux médias afin d'expliquer son point de vue.

La «crise d'Oka» avait débuté le 11 juillet 1990, lorsque des policiers de la Sûreté du Québec ont donné l'assaut au petit matin sur des manifestants de Kanesatake qui occupaient la pinède. Les militants, appuyés par des «Warriors» armés venus d'autres communautés mohawks, voulaient empêcher la municipalité voisine d'Oka d'empiéter sur une partie du cimetière ancestral autochtone afin d'agrandir un terrain de golf.

L'affrontement, au coeur de l'été, avait coûté la vie au policier Marcel Lemay. Après 78 jours d'occupation — et l'intervention de l'armée —, un accord avait finalement été conclu, au début de l'automne, pour lever les barricades, en échange de l'annulation de l'agrandissement du terrain de golf.

 

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