Le rappeur Kendrick Lamar a été récompensé lundi par le prestigieux prix Pulitzer dans la catégorie musique pour son album DAMN., paru en 2017. Une première pour un artiste hip-hop et plus largement pour la musique populaire moderne.
C'est un honneur immense pour ce chanteur de 30 ans originaire de la ville de Compton en Californie.
Si le prix Pulitzer a été créé en 1917, la catégorie musique est apparue en 1943. Elle a été systématiquement attribuée à des oeuvres de musique classique jusqu'au sacre du musicien et compositeur de jazz Wynton Marsalis, en 1997.
L'année suivante, le conseil d'administration du prix Pulitzer a décidé d'assouplir les critères afin de favoriser la diversité des oeuvres éligibles. Il a de nouveau élargi le spectre en 2004.
Malgré tout, aucun artiste de musique moderne populaire n'avait encore été récompensé avant cette année.
La cause afro-américaine
Récipiendaire pour ses qualités lyriques et sa maîtrise des mélanges de hip-hop, funk et de sonorités africaines, cet album se veut aussi une description de la complexité dans laquelle vivent quotidiennement les Afro-Américains. Pensons au morceau XXX.
Ce prix vient donner encore plus de visibilité au travail de Kendrick Lamar, immense artisan de la culture populaire.
Les membres du panel qui a déclaré unanimement son album gagnant n’étaient pas tous familiers avec le rap. Or, ils se sont entendus au final pour statuer que la musique rap possède une valeur en soi et n’a pas besoin d’être légitimée par quelconque institution. Le rap est un style musical qui reflète l'époque dans laquelle nous vivons.
Mentionnons que l’album DAMN. n’avait pas gagné le Grammy pour l’album de l’année lors de la 60e cérémonie. Le travail de Lamar a d'ailleurs été ignoré lors des trois dernières cérémonies. Plusieurs observateurs ont été très critiques à l'endroit d'une industrie qui profite pourtant énormément du travail des artistes noirs.
Kendrick a aussi supervisé la trame sonore du prolifique film Black Panther et a participé à la prestation de SZA et Vince Staples à Coachella en fin de semaine.
(Avec l'AFP)