La ministre des Transports Geneviève Guilbault a présenté, jeudi, le projet de loi 61 pour créer l'Agence Mobilité Infra Québec, chargée de gérer des projets complexes de transport.
C'est une agence qui aura le mandat d'analyser, planifier et réaliser ce qu'elle décrit comme des projets complexes de transport, autant des projets de transports collectifs et routiers comme la construction de ponts.
Pour en discuter, l'animateur Patrick Lagacé a invité l'ancien journaliste et ancien président de la STM, Philippe Schnobb et observateur intéressé des transports collectifs.
«En transport en commun, pour l'avoir vécu, des fois, si ça prend du temps puis que c'est cher, c'est qu'on respecte les règles», dit Philippe Schnobb.
«Et là, on dit on va modifier les règles pour les assouplir, pour rendre ça plus simple. Ça, c'est certainement une bonne chose, mais ça soulève beaucoup de questions. Et on n'a pas les réponses en lisant le projet de loi. Par exemple, on dit: "C'est pour les dossiers complexes." C'est quoi un dossier complexe? Et on m'a dit: "Non, c'est volontaire, ce n'est pas une omission, c'est volontaire. On dit dossiers complexes, puis on va y aller un petit peu à la pièce."
«Ça, c'est un peu préoccupant, parce que les sociétés de transport ne sauront pas que le projet qu'on soumet et qu'on veut faire: il est complexe ou il ne l'est pas... Donc s'il n'est pas complexe, on le fait nous-mêmes? S'il est complexe, ça va être l'agence? À la STM, il y a un portefeuille de projets de milliards de dollars. C'est pas juste le prolongement du métro et des choses comme ça. C'est rénover les tunnels la nuit, des choses comme ça. Est-ce que ça, c'est un dossier complexe?»
L'analyste a quand même une mise en garde à faire.
«Là où il ne faudra pas se perdre dans tout ça: c'est perdre les villes. Parce que le projet de tramway à Québec, ce n'est pas la même chose qu'un projet à Gatineau ou à Longueuil ou dans l'est de l'île. Il ne faut pas exclure les villes de tout ça, parce qu'un projet de transport en commun, c'est aussi un projet de développement urbanistique, de développement urbain, de développement économique. Et si c'est fait à Québec, par des fonctionnaires qui sont dans une tour parce que le siège social va être à Québec et qu'ils ne connaissent pas les réalités du terrain, il ne faudrait pas perdre de vue non plus l'importance des villes dans le processus.»
On écoute Philippe Schnobb...