La crise se poursuit à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont de Montréal alors que le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal a recommandé à la population d’éviter l’urgence, où une centaine d’infirmières menacent de démissionner en raison d’une grave pénurie de travailleurs.
Entre 23 h lundi et 8 h mardi, l’urgence a été fermée. En fait, les infirmières de l'équipe de soir de l'urgence ont décidé de refuser de travailler pour dénoncer les conditions de travail qui leur sont imposées. Seuls les patients « instables » qui arrivaient par ambulance ont été admis en soirée et la nuit dernière.
La direction de l'établissement a donc demandé aux citoyens d'éviter l'urgence de l'hôpital jusqu'à 8 h, mardi matin.
La cheffe d'unité
Rappelons qu’environ cent personnes (sur un total de 110) de l’équipe d’infirmières et d’infirmières auxiliaires de l’urgence de l’hôpital ont récemment signé une pétition dans laquelle elles exigent notamment la démission immédiate de leur cheffe d’unité. Elle s’engage à démissionner en bloc si cette gestionnaire demeure en poste. Elle serait responsable d'un climat toxique.
Cette exaspération des infirmières de l’urgence a été partiellement entendue, puisque cette gestionnaire d’unité sera réaffectée à une autre fonction, a indiqué le président-directeur général du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, lors d'une conférence de presse tenue mardi après-midi. Elle aura d'autres responsabilités au CIUSSS.
Précisisons qu'un conseiller externe a aussi été recruté afin d’améliorer le climat de travail.
Des discussions ont lieu entre les infirmières et le PDG du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal. Ce dernier pense pouvoir conserver l'urgence ouverte mardi soir, contrairement à la veille.
Temps supplémentaire obligatoire
Ces professionnelles dénoncent également depuis longtemps les heures supplémentaires obligatoires (TSO) imposées en raison du manque d’infirmières.
Cela dit, les activités ont repris mardi matin à l’urgence de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont.
En entretien avec l'animateur Luc Ferrandez, écoutez le médecin intensiviste à l’Hôpital de la Cité-de-la-Santé de Laval, le Dr Joseph Dahine, le porte-parole de Québec solidaire en matière de Santé, Vincent Marissal, ainsi que le porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé et député de Pontiac, le libéral André Fortin.
«C'est peut-être la pointe de l'iceberg. C'est un secret de Polichinelle qu'en dessous de toute cette problématique du TSP et de ces méthodes managériales, ça fait longtemps que dans la culture hospitalière qu'on gère les gens sans grande attention. Une citation qui circule au sein des collègues c'est que dans cette profession si humaine, on traite les soignants et les autres professionnels de la santé avec si peu d'humanité. Je pense que plusieurs personnes observent avec attention ce qui se passe à Maisonneuve-Rosemont, parce que c'est un peu comme le canari dans la mine. [...] On demande au personnel de la santé d'en faire toujours plus, mais ce n'est pas une solution pérenne.»