La Cour supérieure du Québec a récemment interdit la fin des interceptions des automobilistes sans motif, pour des raisons de profilage racial.
Est-ce que les forces de police peuvent faire leur travail sans profilage racial?
L’animateur Paul Arcand a posé la question au chef du Service de police de l’agglomération de Longueuil, Fady Dagher, dont la ville tente une foule d’expériences au plan communautaire.
« Tout à fait », assure le chef du SPAL, y allant d’exemples très précis touchant le profilage criminel et non racial.
Profilage criminel
1 - « Quelqu’un qui a un comportement dans un parc où il y a beaucoup de va et vient autour de lui. Avec des échanges et des saluts. Il y a peut-être quelque chose de bizarre dans cet échange-là avec cette personne. Pourquoi, tout à coup, il attire tant d’attention? Ça, pour nous, ça peut éveiller certains soupçons. Ça peut devenir du profilage criminel.
2 - « Quelqu’un qui a une démarche particulière, qu’on sent que la jambe droite n’arrête pas de sortir de la ligne, du côté linéaire, il y a peut-être une arme entre les jambes.
3 - « Le capuchon en arrière. Lorsqu’ils portent un capuchon et qu’il y a une boule… Le poids du capuchon en arrière qui ressemble à une boule. C’est très pesant. Il y a peut-être un objet à l’intérieur. »
Le chef du SPL estime que tous ces comportements au niveau du profilage criminel que l’on doit prendre le temps de bien observer. Tout comme lorsqu’il y a des vols de certaines marques de voiture ou de catalyseurs entre 2 et 6 heures du matin.
Intercepter ou pas?
Mais quand l’interdiction d’interpeller sans motif – effective en avril 2023 selon le jugement du juge Michel Yergeau rendu le 25 octobre – sera en place, les policiers ne pourront plus intercepter un véhicule à deux heures du matin. Ou pourront-ils le faire?
« S’il n’y a aucun motif raisonnable de vouloir l’intercepter (…), effectivement, on ne pourra pas. C’est pour ça que je parle beaucoup de renseignements criminels, de profilage criminel. Il faut que nos policiers se raffinent sur la manière d’intervenir et les raisons pour lesquelles ils interviennent. »
Mais Fady Dagher note que ça n’empêchera pas une interception d’un véhicule à trois heures du matin si, par exemple, un patrouilleur voit dans le parc industriel de Longueuil, une Lexus – le véhicule le plus volé.
« Mais là, il va aller le chercher… Il y a un motif parce que j’ai des renseignements criminels ciblées qui me disent qu’il y a des vols de véhicules entre telle heure et telle heure dans tel secteur. Je ne peux pas dire qu’il y a du profilage racial… Ce qui est important pour moi, c’est qu’il (le patrouilleur) aille vérifier si le véhicule est volé ou pas volé. »
Cela dit, il y a aussi le « 636 », en jargon policier, qui permet encore une interpellation de véhicule de manière aléatoire afin de prévenir les cas d’abus d’alcool ou de drogues au volant. Fady Dagher espère que cet élément ne sera pas interdit.
« Si on nous l’enlève, si ça ne va pas en appel, c’est juste au Québec qu’on nous interdira l’interpellation aléatoire. »
On écoute Fady Dagher…