L’envoi récent de missiles et de drones sur diverses villes de l'Ukraine ne témoigne pas de la puissance de la Russie, mais plutôt de sa faiblesse et de la panique grandissante du président Vladimir Poutine, selon le spécialiste Justin Massie, du Réseau d’analyse stratégique et professeur de sciences politiques à l’Université du Québec à Montréal.
D'après celui-ci, l’armée russe a utilisé une réserve de missiles qui s'amenuise. Poutine, lui, cherche un moyen de changer radicalement le cours de la guerre, qu’il est en train de perdre.
Toujours selon M. Massie, qui a accordé une entrevue à l'animteur Philippe Cantin, mercredi, on assiste à une diminution de la capacité de la Russie à mener des opérations militaires sur le terrain. L'invasion de l'Ukraine aurait atteint un point tournant, d’autant plus que les stocks d'armes russes ont baissé de manière considérable.
« Poutine voulait gagner cette guerre en trois jours. Mais, c’est échec après échec. Sa tentative initiale de changer le régime ukrainien n’a pas fonctionné. […] Les Ukrainiens ont même commencé à percer les défenses russes. L’armée russe, qui a perdu beaucoup de troupes, est démoralisée. Il semble qu'elle n’a plus la capacité de contenir les avancées ukrainiennes. La pluie de missiles qui est tombée récemment sur différentes villes de l’Ukraine démontre que le président n'a pas beaucoup d’autres options à sa disposition. Il se peinture dans un coin. »
Ainsi, le président russe a eu recours à la terreur en bombardant, par exemple, une centrale électrique, un parc urbain et une aire de jeu pour enfants au centre-ville de Kyïv. « C’est un signe de désespoir », souligne M. Massie.
Vladimir Poutine, qui a commis des erreurs stratégiques significatives durant le conflit, va-t-il intensifier les efforts de guerre en utilisant des armes de destruction massive ?
« Les Ukrainiens, lentement mais sûrement, continuent de faire des gains en s’approchant des lignes rouges, ces territoires appartenant à la Russie avant février 2022 (à savoir les portions annexées par Moscou, il y a huit ans). Ça, c’est très dangereux. Plus la défaite sera flagrante pour Poutine, plus ce sera difficile pour lui de rester en poste, sans agir. [Dans une position de faiblesse], Vladimir Poutine pourrait utiliser l’arme nucléaire... »