Après des mois de pressions de toutes parts, le président-directeur général et les membres du conseil d’administration de Hockey Canada ont démissionné en bloc, mardi matin.
Au micro de Patrick Lagacé, Danièle Sauvageau, qui a été l’une des plus critiques de l’association depuis des semaines, a résumé les raisons pour lesquelles la situation en était rendue à ce point.
Rappelons que le Globe and Mail a révélé que l’association nationale avait tenté de camoufler un viol collectif survenu en 2018 et que Hockey Canada avait non pas un, mais deux fonds de plusieurs millions de dollars visant à régler hors cours des poursuites envers l’organisme.
Pour l’ancienne entraîneur-chef de l’équipe nationale de hockey féminine qui a mené les Canadiennes à la médaille d’or aux Jeux olympiques de 2002, c’est la lenteur à mettre en place le programme que le C.A de Hockey Canada tentait encore de défendre la semaine dernière qui s’est avéré le plus décevant.
« Ce qui m’a le plus fâché. On sait maintenant qu’il y a eu des événements qui ont eu lieu en 2018. Scott Smith a demandé la chance de mettre en place ce plan. Mais ce plan, il est arrivé en août 2022. »
Selon elle, « les associations de sports nationales doivent au moins faire une enquête à l’interne », quand surviennent des événements du genre.
« Et ça, ça n’a pas été fait. (…) Pour moi, ça démontrait une certaine arrogance. Un code de silence : personne ne va le savoir, de toute façon. On va juste continuer comme on l’a toujours fait… »
« Ça prend de la mixité. Ça prend du leadership. Ça prend de la diversité. De ne pas avoir fait le plan dès 2018, c’est très décevant. C’est là que le bateau a commencé à couler. On fait une erreur. On en fait une autre. On a voulu garder cette ligne-là. Ce n’était pas la meilleure chose à faire. On s’est perdu… carrément perdu. On a voulu défendre l’organisation au lieu de défendre les raisons pour lesquelles cette organisation existe, c’est-à-dire, ses membres. (…) Ces gens-là croyaient fortement… Encore aujourd’hui, ils croient qu’ils ont fait tous la bonne chose avec ce qu’ils avaient comme informations. »
Danièle Sauvageau a une pensée pour les membres de Hockey Canada qui ne sont pas parmi les instances décisionnelles.
« Les gens qui travaillent à Hockey Canada - on ne parle pas du leadership, de la haute direction – sont meurtris, ils sont fatigués. Ils essaient de porter à bout de bras une organisation. Ils sont passionnés de poursuivre pour les bonnes raisons. Mais ces gens-là, on ne leur parle pas. »
Avec une feuille de route comme la sienne – entraîneur-chef, médaillée d’or, policière - est-ce que diriger Hockey Canada intéresse Danièle Sauvageau?
« C’est mon sport, j’en suis passionnée. Je suis disponible pour contribuer… non pas à ce changement, mais à ce renouveau. On se doit d’aller aux plus bas-fonds pour pouvoir reconstruire et je suis prête à contribuer. »
-Est-ce que votre téléphone a déjà sonné?
« Mon téléphone a sonné pour des gens qui aimeraient que j’y sois. Mais maintenant, ceux et celles qui prendront cette décision-là… Non. »