Auto123 met à l’essai le Ford Ranger 2022 (en version Lariat Splash).
Si, dans les années 60 et 70, Ford s’était mérité le surnom « Wagon master » parce qu’il dominait le marché des familiales, de nos jours, on pourrait dire que ce constructeur américain est le « Pick-up master », ayant une camionnette à offrir au marché américain dans tous les segments du domaine, du plus petit Maverick pour les compactes au plus grand F-450 Super Duty capable de tirer jusqu’à 24 200 livres!
Toutefois, s’il y a un segment où Ford ne surpasse pas encore sa concurrence, c’est celui des pickups intermédiaires où l’on retrouve son populaire Ranger en deuxième position derrière le Toyota Tacoma. Aux États-Unis, Ford aura de la difficulté à battre Toyota (dont les ventes dépassent les 252 000 unités face aux quelque 94 000 Ranger en 2021); au Canada, la course est plus serrée avec 11 201 Ranger ayant trouvé preneur chez nous en 2021, ce qui n’est pas si loin des quelques 14 300 Tacoma écoulés par le constructeur nippon chez nous.
Les chiffres de 2022 seront plus difficiles à compiler avec la crise d’approvisionnement, mais la lutte demeure serrée. Voilà ce qui pourrait expliquer pourquoi le constructeur américain vient de lancer une toute nouvelle finition disponible du Ranger 2022, la version Splash. Cependant, il faut également tenir compte du fait que Ford prévoit aussi nous offrir une version entièrement repensée du Ranger en 2023, une camionnette aux lignes redessinées ressemblant plus aux grands F-150 que jamais. Ironiquement, cette refonte est déjà disponible dans certaines parties du monde dont l’Afrique du Sud et l’Australie, là où le nom de Ranger est synonyme de grand succès commercial.
Au cas où vous ne le sauriez pas, alors que Ford retirait ses Ranger du marché nord-américain en 2012, à cause d’une baisse notable de l’intérêt et des ventes de petites camionnettes à l’époque, ce segment a connu un regain de vie dans un format intermédiaire grâce à la relance des Chevrolet Colorado et GMC Canyon en 2014. Néanmoins, Toyota est demeuré le chef de file de ce segment au fil des années.
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Ranger, un nom gagnant chez Ford
En Amérique, le nom de Ranger a d’abord été appliqué aux Edsel bas de gamme de 1958 à 1960 (c’est le seul nom de modèle de cette marque « maudite » qui a survécu à la courte vie de cette auto) avant d’être utilisé pour identifier les modèles haut de gamme de Ford série F.
Puis, en 1983, alors que la demande pour de plus petits camions prenait de la vitesse, Ford a décidé de remplacer ses Courier d’alors (basés sur un produit Mazda) par une nouvelle génération de camionnettes dites compactes affichant alors le nom de Ranger. Celles-ci connurent un grand succès…jusqu’en 2012. Elles furent retirées du marché parce que, en Amérique, les consommateurs lui préféraient les grandes F-150.
Les tendances ont changé et on a vu le nom Ranger revenir à l’avant-plan en 2019, cette fois en livrée intermédiaire. Et c’est toujours cette même version qui nous est proposée…jusqu’à l’année prochaine! Toutefois, avant de changer la production de ce populaire modèle (inspiré d’une version australienne, mais construit dans une usine du Michigan), la direction de Ford a voulu souligner la fin en nous proposant des touches de finitions distinctives tout en ressuscitant un nom de 1993 : Splash.
Cette version Splash du Ranger 2022 n’est disponible qu’avec la cabine SuperCrew à quatre portes en finition XLT Lariat et la caisse courte. La première série est peinte en teinte de jaune (d’autres couleurs seront lancées plus tard dans l’année) et elle est équipée de jantes de 18 pouces peintes en noir. Des appliqués noirs spécifiques à Splash sont collés à la carrosserie. Mais pour le reste, il s’agit du Ranger que l’on connaît.
À l’intérieur
L’intérieur de notre véhicule d’essai a conservé son design original avec un tableau de bord au dessin simple, mais efficace. Rien de spectaculaire ici. L’instrumentation (numérique) y est aussi simple, mais facilement lisible même si le conducteur peut la transformer au besoin. L’écran au centre n’est pas des plus grands, mais encore une fois, son image est facilement lisible alors que toutes commandes y sont faciles à comprendre. Il en va de même pour les commandes rotatives de la radio et du chauffage et de la climatisation sous l’écran.
La console centrale retient le levier de vitesses mécanique et des commandes électriques rotatives pour passer de deux à quatre roues motrices ou régulières pour choisir des méthodes de travail dont celle de remorquage. Le volant offre une bonne prise, mais ses branches sont relativement chargées de commandes. Les autres commandes comme celles des glaces ou des rétroviseurs sont faciles à utiliser.
Les sièges baquets avant sont très confortables. On peut y constater des coutures de couleur or pour identifier la finition Splash. Les sièges arrière sont tout aussi remarquables alors que les fauteuils peuvent se soulever pour utiliser les compartiments « secrets » qui s’y cachent. À noter, il y a une prise de courant de 120 volts au compartiment arrière au lieu d’une telle prise dans la caisse.
On peut asseoir cinq personnes à bord de ce Ranger, mais il faut avertir les passagers que la marche y est haute (heureusement, il y a des poignées qui peuvent aider à l’accès). L’habitacle du Ranger pourra vous sembler plus grand que celui de son rival le Toyota Tacoma, parce que le plancher du Ranger y est plus bas.
La caisse
Celle-ci fait cinq pieds de long (plus de six pieds si l’on garde le panneau arrière abaissé). On y trouve certains points d’arrimage, mais j’aurais bien aimé de petites marches au pare-chocs arrière pour y faciliter l’accès. Encore une fois, l’espace entre les puits d’aile n’est que de 44 pouces ce qui ne permet pas le transport de panneaux traditionnels de 4 pieds sur 8 à plat.
La seule mécanique disponible dans le Ranger demeure le 4-cylindres turbocompressé de 2,3-litres (le même que l’on retrouve sous le capot d’une Mustang de base) de 270 chevaux et 310 lb-pi de couple. Et il ne peut être livré qu’avec une boîte de vitesses automatique à dix rapports. Le boîtier de transfert électronique de la version FX4 d’essai ne permet que la propulsion et la motricité aux quatre roues (sur commande) en mode régulier (4 High) ou surmultiplié (4 Low). Les pneus qui équipaient mon véhicule d’essai étaient des Hankook DynaPro AT-M 265-60 R18. Évidemment, la suspension avant peut bien être indépendante, celle d’arrière demeure du type à essieu rigide sur ressorts à lames.
Mentionnons que cette suspension fait que la caisse peut supporter une charge de 1860 livres alors que ce Ranger affiche une capacité de remorquage de 7500 livres (le véhicule était équipé de la fonction Tow/Haul qui facilite le remorquage et en réduit la consommation de carburant en équilibrant la puissance du moteur avec l’effort requis).
Sur la route
Oui, l’accès à ce Ranger peut être un peu laborieux (il n’y a pas de marchepied), mais c’est plutôt amusant de le conduire. La position de conduite y est impressionnante, et le véhicule est plutôt élevé ce qui donne l’impression d’une vue dominante sur la route. Cependant, en ce qui concerne les manœuvres de stationnement, il faudra se fier aux caméras.
Les dimensions raisonnables du Ranger en font une camionnette facile à conduire en ville avec des accélérations confortables (le 0 à 100 km/h peut être abattu en moins de 8 secondes). La boîte de vitesses aide non seulement à une consommation raisonnable, mais aussi à une conduite sans réactions brusques du passage des vitesses.
Sur l’autoroute, le Ranger peut s’avérer très silencieux et confortable pourvu que la route soit en bonne condition. Les premiers centimètres de débattement de la suspension sont suffisamment flexibles pour amortir avec souplesse les imperfections de la route. Mais si cette même route est plus endommagée, la suspension arrière (à pont rigide, répétons-le) a tendance à sautiller. Si le véhicule est chargé, ce phénomène a tendance à s’estomper.
En passant, si le besoin vous vient de dépasser, n’ayez crainte, le quatre turbo 2,3-litres produit amplement de puissance pour le faire en toute sécurité. Sur une belle route, le conducteur peut aussi choisir le régulateur de vitesse adaptatif.
Notre Ranger Splash était équipé de l’ensemble FX4 qui permet des excursions hors route amusantes. Le conducteur n’a qu’à placer le levier de vitesse en 4 High (ou 4 Low si le sentier est très exigeant). Qui plus est, on peut même choisir une certaine aide à la conduite avec la commande Terrain Management (le bouton TM au centre de la commande rotative de motricité aux quatre roues).
Ajoutez à cela une forme de régulateur de vitesse qui aidera à maintenir une vitesse lente, mais très régulière. Le véhicule a un bon dégagement au sol et des pneus appropriés.
Le seul problème, c’est que le boîtier de transfert de ce Ranger n’a pas de fonction 4 x 4 Auto que les automobilistes, au Canada apprécieraient bien en hiver !
En ce qui a trait à la consommation, nous avons obtenu une moyenne de 12,1 litres / 100 km dans une combinaison égale de ville et route. L’ordinateur de bord affichait 11,4 au panneau d’instruments alors qu’EnerGuide Canada annonce 10,4.
Enfin, pour le prix, alors que le prix de base se situe à 43 340 $, il faut ajouter quelque 8 630 $ d’options à cette facture (dont 3 405 $ pour l’ensemble 501A qui inclut le régulateur de vitesse et l’ensemble Technologie), 850 $ pour la peinture orangée, 1400 $ pour les jantes et pneus hors route, 600 $ pour l’ensemble de remorquage et 100 $ pour la taxe d’accise fédérale pour le climatiseur).
Évidemment, il faut aussi compter 1 995 $ pour le transport et la préparation ce qui donne un total de 53 965$...plus taxes!
Le Ranger à venir
Cette version Splash signalerait donc la fin de cette génération de Ranger. Toutefois, bien que la version 2023 de la Ranger ait déjà été dévoilée (avec carrosserie redessinée incluant un avant semblable à celui des F-150, des flancs plus sculptés et surtout des marches d’accès pour la caisse au bout des pare-chocs arrière en plus d’un intérieur redessiné), la mécanique demeurera la même sauf pour la version Raptor plus robuste à venir qui pourrait avoir un V6 turbo de 3,0-litres à son catalogue. Il pourrait même y avoir une version hybride électrique à venir.
Ford a annoncé la commercialisation en Amérique du Nord de ce nouveau Ranger pour la fin de novembre prochain. En attendant, chez nous, il y a la version Splash!
On aime
Le look sportif de la version Splash
Les performances du moteur de 2,3-litres turbo
La boîte automatique à dix rapports très souples
On aime moins
Le manque d’aide pour accéder à la caisse
L’étroitesse du plancher de la caisse entre les passages de roue
Le prix relativement élevé
La concurrence principale
Chevrolet Colorado
GMC Canyon
Honda Ridgeline
Jeep Gladiator
Nissan Frontier
Toyota Tacoma
