Interpelés par la crise politique et humanitaire que le peuple ukrainien est en train de vivre, des Québécois ont l’intention de se rendre au front pour aller offrir leur aide.
Certains Québécois ont entendu l’appel du président ukrainien et veulent prendre les armes aux côtés de son armée formée à la fois de soldats professionnels et de civils.
Pour d’autres Québécois, l’appel est plus humanitaire et ils veulent se rendre en Ukraine ou en Pologne pour y soigner les blessés de guerre et les réfugiés ukrainiens.
C’est le cas du Dr Julien Auger qui était au micro de Patrick Lagacé, mardi.
Pas la meilleure des solutions
Devant tous ces élans du cœur de Québécois qui paient de leur poche leur billet d’avion pour se rendre en Ukraine par leurs propres moyens, François Audet, directeur de l’Observatoire canadien sur les crises et l’action humanitaires (OCCAH), veut faire une mise en garde sérieuse.
«À partir du moment où quelqu’un, peu importe ses qualifications, pense débarquer dans un contexte aussi complexe avec autant de pièges, de démagogies et de propagandes de part et d’autre, cette personne peut non seulement ne pas rendre service, mais en plus, sans s’en rendre compte, peut tomber de l’autre côté et être au service de l’ennemi et éventuellement être capturée»
«Même les organisations de front, que ce soit la Croix-Rouge, Médecins sans frontière ou les Nations unies, elles y arrivent à peine»
«Le geste est compréhensible, mais la maladresse de prendre un billet d’avion et de se rendre là-bas. Ce n’est pas rendre service à personne. Et surtout pas aux services consulaires canadiens s’il arrive quoique ce soit par la suite. Si quelqu’un d’indépendant débarque là-bas et qu’il n’est pas à l’intérieur de cette coordination internationale, les chances que ça tourne mal sont très élevées»
Comment réellement aider?
«Les gens qui veulent aider, la meilleure façon de faire, c’est de soutenir financièrement les organisations professionnelles humanitaires. Celles et ceux qui veulent physiquement s’y rendre, ils doivent s’engager auprès des organisations professionnelles humanitaires. On n’est pas dans un scénario fleur bleue. C’est extrêmement dangereux et extrêmement naïf de croire qu’on peut arriver là-bas et poser des gestes concrets d’aide»