En entrevue avec Bernard Drainville, Elisabeth Ashini a raconté ce qu’elle avait vécu lorsqu’elle a été arrachée à ses parents pour être placée au pensionnat de Maliotenam, en 1952.
La découverte des restes de 215 enfants, enterrés dans une fosse commune, sur le site d’un ancien pensionnat de Kamloops, en Colombie-Britannique, a ravivé de grandes blessures chez les autochtones d’ici.
Pour mieux comprendre cette réalité, Bernard Drainville s’est entretenu avec Elisabeth Ashini, une Innue de 79 ans.
À l’âge de 10 ans, en 1952, elle a été placée au pensionnat de Maliotenam, près de Sept-Îles.
«Ç’a été très dur de quitter mes parents qui étaient dans le bois, mais ma mère m’a dit qu’il fallait que j’y aille. Ils nous ont donné des vêtements et ils nous ont coupé les cheveux. Après, ils nous ont défendu de parler notre langue. On était punis si on la parlait. C’était des religieuses et des femmes blanches qui nous ont enseigné. On pleurait. On avait des tapes avec une règle. Il y avait toujours une religieuse qui nous surveillait. C’était comme une prison. Ils nous ont enlevé notre culture et notre identité»
«Ça m’a marqué de ne pas voir mes parents et mes amis. Ça n’a pas été toujours rose dans ce milieu-là»
Pour sa part, madame Ashini n’a pas été victime ou témoin de sévices sexuels envers les enfants autochtones, mais elle admet avoir entendu d’anciens camarades de classe, des années plus tard, témoigner de tels abus.
Malgré ses années difficiles au pensionnat, madame Ashini estime qu’il y a tout de même eu du positif dans cette expérience qui lui a permis de poursuivre ses études et de devenir infirmière, une profession qu’elle a beaucoup appréciée.